The place beyond the pines, c'est cette forêt, dense, palpable, qui ramène les morts à la vie, et engloutit passés et péchés dans un magma imbitable, trouble.

Avec un casting fantastique (si on excepte Eva Mendès), un réalisateur en vogue, une bande son travaillée, un scénario en apparence retors, il ne manquait pas grand chose à l'appel pour un rendu de qualité. Il ne suffit pas de bons ingrédients pour une bonne recette. Encore faut il savoir les organiser et en tirer le meilleur.

The place beyond the pines raconte les destinées croisées de deux pères que tout oppose mais que l'amour qu'ils portent à leur fils va réunir, au-delà du tragique, par un lien indestructible outrepassant les codes déontologiques et humains, à travers les années et la culpabilité.
C’est donc à partir d’un coup d’un soir impliquant un saltimbanque instable et d’un enfant objet de l’amour d’un côté et d’un flic sans peur et sans reproche pétri de l’ambition que son père porte pour lui que se tisse cette fiction. Le désir incorruptible de l’officier va bien vite laisser la place aux arrangements personnels, en dépit du gouffre créé dans son coeur par la responsabilité qu’il s’impute d’avoir rendu orphelin un enfant qui n’avait rien demandé.

Découpé en deux parties, le film nous propulse ensuite dans les luttes estudiantines qui vont réunir les deux fils. Le fils de riche, caricature du mafieux en devenir, le fils adopté, stéréotype du jeune en pleine recherche de son identité.

De toute la durée du film, le réalisateur n'arrive pas à rendre crédible son matériau visuel de base. En témoigne cette bagarre aux bras écartés, une chorégraphie débile et inutile qui vient ponctuer un schéma prévisible. Du coup, avec son visuel si peu crédible, Derek Cianfrance ne parvient pas à rendre visuel le crédible. Et tout le film s'écroule comme un château de cartes. Les personnages n'ont plus de bases sur lesquelles tenir. Pour rendre original son pitch embourbé dans des carcans trop faciles, la fuite en avant se poursuit jusqu'à la fin, espérant trouver une issue autre que celles que l’empilement de clichés impose et, comme un dernier pied de nez, sacrifie la morale sur l'autel de la surprise, n'offrant rien d'autre que l'inutile, le futile, illogique et sans fondement à un spectateur à moitié endormi sur son siège depuis plus de deux heures qu'il cherche un motif valable à cette fausse histoire.
hillson
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le 8 juin 2013

Modifiée

le 9 juin 2013

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