Les blonds, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît

Permettez-moi, Messieurs Lautner et Audiard, de vous emprunter ces quelques mots, me conférant sans transition la possibilité d'aborder le sujet Ryan Gosling. Car voyez-vous, quelque chose me chiffonne chez lui. Il m'énerve, mais il parvient toujours, et ce sans bouger le moindre sourcil, à électriser espace scénique et partenaires de jeu d'un seul regard. Ca passe pour de l'insolence, mais ça passe très bien quand même, et ça nous embête autant que ça nous fascine. Paradoxe pour un autre, son ami et proche collaborateur Derek Cianfrance a réussi avec The Place Beyond The Pines, à nous livrer un polar bien ficelé malgré une énergie et un rythme inégaux.

Cela commence avec une forte respiration. Puis un plan-séquence dans une fête foraine. Puis des motos dans une cage. Puis une ex qui débarque, qui lui apprend qu'il est papa d'un petit gars, puis beaucoup de choses à la fois qui forcent Luke Glanton a accélérer le rythme d'une vie jusqu'alors principalement remplie par ses aspirations bad boy tatoué et ses cascades à moto. Il passe alors la 5ème en devenant braqueur de banque afin de subvenir aux besoins de sa nouvelle famille, jusqu'à ce qu'il se confronte à Avery Cross, jeune policier de 29 ans également jeune papa. Un face-à-face bref, quoique non sans conséquences pour la suite des événements...

Cianfrance s'est offert du beau monde, d'abord en la personne de Ryan Gosling, + Bradley Cooper, autre étincelante coqueluche d'Hollywood, + Eva Mendes interprétant avec beaucoup de sincérité l'ex-compagne de Ryan Gosling, pour incarner le trio de tête de ce récit édifiant. Celui-ci se découpe en 3 chapitres, lesquels dessinent les contours d'un polar sombre et captivant. Le premier concentre 90% de ses plans sur la tignasse blonde platine de Ryan Gosling, dont le charisme suffit à susciter le jeu de ses partenaires toujours sans soulever le moindre sourcil, et ça, à défaut d'être énervant, il faut bien le reconnaître, c'est très fort. Puis, le polar sombre dans la mélo-lenteur à travers les déboires de Bradley Cooper avec ses congénères policiers. Brad s'en sort très bien, mais les suggestions narratives superflues plombent quelque peu cette deuxième partie, pourtant nécessaire au troisième et dernier chapitre, qui clôture avec brio le thème moraliste de la relation père/fils en confrontant les rejetons respectifs de nos deux héros 15 ans plus tard dans un ultime face-à-face poignant.

La tension narrative est à son comble, et la conclusion suffisamment éloquente pour ne pas nous laisser trop amoché par la froideur de ce drame. Au vu du jeu des acteurs, la mise en scène est de taille, et la réalisation futile de par quelques plans-séquences finement tournés notamment. Je le disais en début de critique, le tout manquera de pêche et de rythme. Autrement, le spectateur est dedans, et en ressortira calmé. On dira que c'est suffisant.

PS: Encore bravo et pas bravo à Ryan Gosling.

Créée

le 11 mai 2013

Modifiée

le 11 mai 2013

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