Têtes blondes, pines hochets ; têtes brunes, pines matraques

Avec la notation en point de mire, voir un film c'est souvent se formaliser dans une théorie du bien ou du mauvais, de l'évaluation à tout moment, à chaque coin de virage. Avec Drive, on pouvait frôler le dérapage, mais l'alchimie était assez bien négociée pour que ça passe.

Là, quand l'entourage côté gauche est dubitatif, on y croit, puis on hésite, puis on laisse tomber. Ce qui correspond exactement au nombre de films dans le film. 3. Pas moins de trois histoires qui se succédent plutôt moins que plus logiquement. Moyen jeune, vieux jeune, jeune. Charismatique, passable, fade. Dans l'ordre.
Ryan Gosling éclate le score de testostérone, il en impose, même à un hétéro pas encore prêt à virer sa cutie. Et pourtant, il pipe presque pas un mot. C'est quand on voit M. Happiness Therapy que le mythe s'effondre : ayé, un cap est passé. Plus vraiment d'action, alors. La BO parfois trop insistante, et pourtant si spéciale (Mike Patton oblige) ne marque plus rien de marquant, elle recouvre, elle nappe. Et alors on se fait chier, pendant que se succèdent des événements qui ne m'ont pas plus surpris qu'enthousiasmés. Péripéties de téléfilm ? Non non, c'est le cinéma d'auteurs, voyez-vous...
Une affaire de flics vereux, une histoire grandguignolesque d'ados qui se trouvent des liens de parenté alors qu'ils sont isolés tous les deux... Mëme dans un Disney on n'oserait pas ce genre de conte de fées. Bref, c'est un détail, mais un gros qui casse définitivement le mythe.

Avec Ryan, on voulait y croire, pourtant. Mais dès lors, les événements s'agglutinent sans grand courage, sans éclats, on s'ennuie ferme dans cette histoire de vengeance qui fait la quadrilogie Kill Bill en un tome.

Reste un pari osé mais qui ne l'a pas fait pour moi, que j'invite tout spectateur à découvrir, quand même, parce que c'est une affaire de tolérance, d'affect, et que la césure arrive suffisamment vite pour que le jeu d'équilibriste légitime la vue du film.
Adrast
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le 9 avr. 2013

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