Alternant projets plus personnelles et films de franchise, Shane Black commence à déroulé sa petite routine qui semble bien huilée malgré une production pour ce The Predator qui devient systématique avec les grosses productions. Qui plus est ce n'est jamais bon signe, malgré les dires de studios qui veulent calmer la plèbe en faisant passer ça comme monnaie courante. Oui, ces dernières années cela semble de plus en plus la routine de producteurs avides de garder une main ferme sur leurs bébés, quitte à totalement saboté la démarche de cinéastes qui finissent par s'auto-saborder et se dédouane de l'entreprise. En résulte souvent des films bâtards, pris entre deux feux, et qui ont du mal à marcher droit. The Predator est fatalement un peu de ceux là même si il parvient à garder la patte de son auteur et de livrer de bons moments de série B.
Shane Black ayant participer au premier film de la franchise, en tant que script doctor et acteur, il se voyait tout indiquer pour reprendre le flambeau de la saga, lui qui a façonné le film d'actions des années 80/90. D'ailleurs The Predator est totalement dans la mouvance de ses films d'actions sévèrement burnés des années 90 qui lance des one-liners à profusion. On reconnait bien le style du cinéaste dans sa façon de composer des personnages de bras cassés qui oscille entre l'efficacité d'action et l'incapacité de fonctionner en société. On se retrouve avec un florilège de personnalités attachantes et réussies qui montre toujours le savoir-faire de Black dans l'écriture des dialogues et de l'humour. La partie humaine du film est donc ce qui ressort le mieux dans ce The Predator, même si on déplorera un rôle féminin mal écrit et caricatural où on voit une scientifique se transforme en arme de destruction massive en l'espace de 2 scènes. Le fils du héros, même si élément purement blackien, et aussi quelque peu en trop et sonne faux dans l'univers surtout qu'il crée souvent des raccourcis scénaristiques grossiers.
L'intrigue est d'ailleurs globalement incohérente et cède à la facilité par des rebondissements et des développements souvent crétins. Mais le film l'assume avec un tel panache que cela rajoute à l'hilarité d'ensemble. Même si cela fait que les Predators se voient relégués au second plan et apparaissent comme des impératifs commerciaux que de vraies éléments du film. Shane Black se sent clairement moins à l'aise et moins intéressé par leur mythologie qu'il à tendance à les prendre en dérision. Et s'en sert surtout comme prétexte à un jeu de massacres décérébrés. D'ailleurs sur ce point, Shane Black signe une mise en scène efficace et maîtrisé aux scènes d'actions percutantes et bien dosées. Il possède une démarche relativement classique et ne dispose jamais d'idées transcendantes mais emballe l'ensemble avec énergie. Il peut aussi compter sur un casting convaincant qui permet de faire émerger de nouvelles stars, moins mainstream que les acteurs de ce genre de productions mais loin d'être en reste. En ça, Boyd Holbrook, Trevante Rhodes et Sterling K. Brown s'impose comme des gueules de cinéma charismatiques sur qui ont pourra compter à l'avenir.
The Predator est un film couillon mais particulièrement plaisant. Surtout que la patte de Shane Black relève souvent le niveau avec son humour irrésistible et inventif, ses personnages attachants et sa réalisation impeccable. Alors certes, l'intrigue est incohérente et cède à la facilité dans des développements débiles mais cela aide la partie série B bourrine à se montrer encore plus décomplexée et jouissive. Même si cela vient à égratigner l'aura du Predator et rend cet extraterrestre culte du cinéma un peu obsolète. The Predator est donc un film boiteux mais un film de potes fait pour des potes. Du moment qu'on se laisse séduire par sa crétinerie réjouissante, on passera un moment agréable. Très loin de l'opus original de la franchise qui cherchait aussi à développer un fond et une ambiance, mais on reste face à une suite certes imparfaite qui sait se montrer honorable.