The prodigies est le type même de film qui laisse perplexe. D'un côté, on a un projet réellement ambitieux, tout en CGI avec de la Motion Capture pour les comédiens, avec un thème très adulte. De l'autre, on a droit à une technique par moments réellement défaillante, et qui est le signe d'une production très perturbée.
Je ne connais pas le livre dont le film est tiré, mais on pense bien évidemment à un film ; Akira ! On y traite aussi de cinq enfants qui ont des pouvoirs paranormaux (essentiellement la possession d'autres corps), mais c'est par le point de vue d'un adulte qui a lui aussi ces pouvoirs et qui cherche à ce qu'ils prennent le contrôle d'eux-mêmes.
L'univers se situe dans un univers futuriste, et désigné par Viktor Antonov, un des pères de Half-Life 2. D'ailleurs, parler de jeu vidéo pour ce film n'est pas un crime, car le réalisateur a travaillé dans ce milieu, et ça se voit dans les angles de caméra, et la femme du héros, Anne, ressemble comme deux gouttes d'eau à Alix ... de Half-Life 2.
C'est aussi un revers, car la technique utilisée dans le film, en images de synthèse avec l'aide de Cell-shading, rappelle justement énormément les jeux vidéo. J'oserais même dire que ça frise la longue cinématique.
Le film a souffert d'une post-production houleuse, et ça se voit dans le manque de finitions, de détails dirais-je ; ainsi, les cheveux ne sont pas animés, tout comme les clignements d'yeux, et, on peut apercevoir des débris qui clignotent, voire de l'aliasing par moments ! Je pense que la sortie du film a du être inéluctable pour laisser passer tant de petits défauts, mais ils rajoutent à cette sensation de gigantesque cinématique...
Ça fait plusieurs lignes que je démolis le film, mais je retiens tout de même sa grande ambition, qui est celle de raconter une histoire, tout en CGI, mais sur un ton adulte. Mais ce film n'est pas conseillé aux enfants, car le principal climax de l'histoire, qui est un viol, nous est montré, mais dans sa bestialité (c'est le cas de le dire). Et les morts se comptent à la pelle, jusqu'à même utiliser des cadavres comme des sacs de frappe !
Le doublage est par contre très réussi, assez cru ; d'ailleurs, j'ai découvert après coup que le héros est doublé par Mathieu Kassovitz, que je n'ai pas reconnu. C'est ce qui donne même une certaine force au film, qui n'hésite à choquer pour appuyer son message sur la tolérance et la responsabilité.
Je ne veux pas trop en dire sur la fin, mais le final à la Maison Blanche est vraiment de trop et sonne comme une volonté de faire enfin une grosse scène d'action, car le film est très bavard.
Si le film aurait été mieux terminé, à défaut de lui adjoindre des patchs, on aurait pu tenir une grosse réussite dans le film d'animation pour adultes. Dans le cas présent, ça reste très intéressant, de par la maturité du sujet.