Quand l’anti-héros de chez Marvel bouleversait le genre super héroïque

Sa première apparition remonte à 1974 dans le comics The Amazing Spiderman. Ancien militaire reconverti en agent du FBI, il perd sa femme et son fils lors d’un règlement de compte impliquant un magnat de la pègre. Laissé pour mort, il revient, bien décidé à se venger. Avant son adaptation en série Télé, il a eu droit à trois adaptations au cinéma. Intéressons nous à celle du réalisateur Jonathan Hensleigh. Faites la connaissance de Frank Castle, Le Punisher…


Le vigilante movie de chez Marvel


Au revoir les héros porteurs d’espoir, bonjour les anti-héros à l’esprit de vengeance et de justice personnelle évoluant dans un univers sombre où ils se font martyriser par des criminels vraiment dangereux. Amis fans de vigilante movie, à vous qui raffolez des types aux méthodes expéditives et punitives comme Jack Bauer, spécialiste en interrogatoire sadique, à vous qui prenez plaisir à voir des vilains pas beaux en prendre plein la tronche, à vous qui aimez que justice soit faite, Le Punisher pourrait bien vous faire passer un bon moment. Beaucoup l’ont critiqué par son coté soft, compte tenu de l’esprit violent et très sanguinolent de la version papier.


Cependant, hormis son coté édulcoré, cette version 2004 marche. Rappelons aussi que Le Punisher était le tout premier personnage de chez Marvel à ne pas être un super héros en costume. Une première ayant de quoi dérouter les habitués. Aux commandes de cette deuxième adaptation cinématographique, Jonathan Hensleigh. Ce nom doit vous dire quelque chose puisque c'est à lui qu'on doit le scénario rocambolesque et typiquement amerloque d'Armageddon. Il a aussi écrit les histoires d'Une journée en enfer et The Rock. L'action, les cascades, le spectacle, il connait donc très bien. Ici, c'est sa toute première réalisation. Le but de ce nouveau film, nous faire oublier la version de 1989 avec Dolph Lundgren et sa piètre performance.


Se réappropriant la genèse du personnage, Hensleigh va quelque peut chambouler l'Origin story. Par exemple, faute de budget, pas de scènes du passé militaire de Castle. On le mentionne, c'est tout. Dans le rôle de notre anti-héros, Thomas Jane, acteur peu connu dont nous, curieux, se demandons les raisons pour lesquelles il a été embauché. Après une première scène un peu kitsch avouons-le, Jane calme très vite les suspicieux.


Sa mâchoire carré, ses traits de visages accentués dignes d'un action hero, sa musculature et ses poils au torse, son regard ténébreux, sa démarche, sa voix virile (merci Boris Rehlinger, doubleur de Jason Statham), Thomas Jane c'est un mec, un vrai mec. Un mec qui boit de l’alcool à la bouteille, mange ses sardines avec son canif, traite les femmes comme un gentleman, masque ses émotions pour ne plus les subir (et tant pis si ça en fait un mec froid et distant), et vient en aide aux démunis.


D’un papa parfait au mari aimant et souriant, Frank, dès qu’il perd sa raison de vivre, son regard change. La souffrance, omniprésente c’est emparée de son âme, tout comme la vengeance. Il n’est plus rien à perdre, la mort, il s’en moque. Du pur justicier solitaire troquant son Stetson et son cheval contre un tee shirt à tête de mort et une Pontiac GTO noire. Pour bien accentuer sur le caractère cowboy moderne de notre personnage, on vous proposera à deux fois des duels au pistolet.


Courses poursuites en voiture, fusillades multiples, explosions, sauts chassés, menaces, manipulations ingénieuses, héros vénère de chez vénère souvent torse poils, rechargement stylé de fusil à canon scié, tir à l’arc, vous ne verrez pas le temps passé. Néanmoins, connaissant l’esprit de l’anti-héros, beaucoup espéraient des petites scènes de tortures et un type plus cinglé et froid. Mêmes les bad guy sont plus sadiques que lui ! N’est ce pas Mr Quentin Glass ? Bon, ce premier film illustre les débuts du personnage et ses premiers signes de barbaries ne se montreront que vers la fin. A noter que pour une fois dans un film où il est question d’un ancien soldat, pas de propagande militaire et de mise en avant du drapeau américain.




  • Dieu soit avec toi !

  • Je vais me débrouiller sans lui.



Qui veut la paix prépare la guerre


Les violeurs, sadiques, et autres psychopathes, il ne supporte pas et comme on sait que les criminels finissent toujours par sortir de prison et recommencer leurs âneries, Frank, il s’en occupe à sa manière. Dans ce premier opus, moins de violences que ce qu’on imaginait. Son premier interrogatoire laisse suggérer à une torture insupportable mais au final, c’était un leurre. Quant à la méthode employée pour punir le responsable de la mort de sa famille, elle déçoit bien qu’il est vrai qu’elle soit intelligente et ingénieuse. Un type retournant tous les gens que tu aimes contre toi, je ne le souhaite à personne.


Pour ce qui est des hommes du bad guy de l’histoire, c’est tout autre chose. Là ca fait mal, TRES mal et on comprend l’interdiction aux moins de 16 ans. Crane fendu à coup de hachoir à viande, couteau papillon enfoncé verticalement dans la mâchoire et un autre dans le derrière, usage de tout un arsenal d’armes à feu, Frank ne rigole pas. Rien à péter d’avoir Travolta comme adversaire.


Oh Le Punisher sait aussi se montrer sensible, exploitant comme il se doit la psychologie du personnage principal durant la phase de deuil. Pour éviter de plonger le spectateur dans un film sans âme tout droit sorti d’un film de Steven Seagal où le but n’est que de verser dans l’action, Jonathan Hensleigh fait venir quelques personnages secondaires, présents pour éviter à notre Frank de perdre toute sa part d’humanité. Désormais installé dans un petit immeuble tout miteux à Manhattan, Frank, il a des voisins plutôt sympas :


• Dave, jeune homme sans emploi, portant tout un tas de piercing sur le visage,
• Bumpo, gros bonhomme bienveillant dont la passion première est la cuisine,
• Joan, serveuse collectionnant les petits amis violents.


Présents les uns pour les autres dans les bons comme dans les pires moments, ces trois personnages représentent le parfait exemple de la véritable amitié. Sur ce point, Le Punisher réussi en rendant attachants ces personnages laissé-pour-compte. On appréciera ces moments de légèretés grâce à la joie communicative de Bumpo fan d’opéra et courageux malgré la peur, et ses interactions avec ces voisins et Frank, le petit nouveau intriguant et recevant des invités plutôt « spéciaux ».



Tu m’as l’air d’être un p’tit costaud, tu dois fréquenter les salles
de sport. T’as déjà fait des isométriques ? Cette mine antipersonnel
pèse 3kg600. C’est pas énorme. Mais, essayes de la tenir comme ça,
bras tendu. Un exercice mortel.



Il ne se venge pas, il punit !


Sur cet autre point, Le Punisher gagne : les ennemis. Certes caricaturaux comme dans tous films d’action qui se respecte, les hommes de mains de Saint, Frank en affrontera pas mal. Certains périront rapidement, d’autres, leur mort sera plus lente. Parce que les mafieux sont toujours ceux qui se salissent le moins les mains, ils envoient toujours leurs sbires pour faire leur sale besogne. Saint, il enverra plusieurs assassins pour en finir avec Castle et on rigolera à chaque fois qu’ils échoueront.


Le Russe est celui qui retiendra le plus notre attention. Son affrontement avec Frank sera l’une des scènes les plus jouissives et drôles. Pratiquement insensible à la douleur, cette montagne de muscles interprétée par le catcheur Kevin Nash vous offrira un bon petit quart d’heure de bourrinage. Entre un Frank arrivant à encaisser les pires coups et son adversaire muet repoussant toutes ses attaques, vous aurez à faire. J’en connais qui vont refaire la déco de l’immeuble !



Ceux qui font souffrir les autres. Les tueurs, les violeurs, les
psychopathes, les sadiques. Sauront bientôt qui je suis. Frank Castle
est mort. Appelez-moi ... Le Punisher…



Au final, moins sombre, brutal et sanguinolent que sa version papier, The Punisher se rattrape par sa mise en scène soignée côtoyant vieux polars et films d’action moderne, son générique d’ouverture puissant rappelant l’esthétisme d’un comics de Frank Miller, ses punchlines bad ass, sa musique et thème principal inoubliable représentant parfaitement la symbolique de son justicier, le jeu authentique et bad ass de Thomas Jane, le développement de ses personnages secondaires (mention au trio Rebecca Romijn, Ben Foster et John Pinette), ainsi que ses scènes d’action dynamiques et bourrin le rendant fun. On fera main basse sur l’interprétation des bad guy de l’histoire, le brushing de John Travolta se recoiffant dès qu’il bouge un peu trop la tête, quelques faux raccords et autres incohérences ne gênant pas pour autant la vision du film (le coup de Castle trimbalant une fausse borne d'incendie, c’est moyen). Un Punisher soft, MAIS agréable à regarder.

Jay77
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le 5 janv. 2019

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Jay77

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