Sans âme, mais diablement efficace !

Chaque année, des films sortis de nulle part font une entrée fracassante dans l’esprit des cinéphiles et n’en sortent plus jamais (à tel point d’engendrer, éventuellement, une suite et/ou un remake). En 2012, ce fut le cas pour The Raid. Film d’action indonésien réalisé par un Gallois (Gareth Evans) qui avait déjà attiré l’attention au Festival international du film de Toronto de 2011 (durant lequel il remporta le Prix du public) et qui continua son bonhomme de chemin au box-office mondial (plus de 4 millions de dollars aux États-Unis et au Canada, pas loin de 250 000 spectateurs en seulement quatre jours en Indonésie ; et ce pour un budget estimé à 1 100 000 de dollars !), en enchaînant bon nombres de critiques élogieuses au passage. Retour, donc, sur la grande surprise du cinéma d’action de ces dernières années !

La mafia de Jakarta a élu domicile dans un immeuble réputé imprenable, qui abrite un labo pour la fabrication de drogues et surtout des hors-la-loi armés jusqu’aux dents. Et pourtant, des policiers d’élite, dont c’est leur première mission, vont mener un assaut contre cette forteresse, progressant d’étage en étage. Malheureusement, ils vont se retrouver piégés dans le bâtiment, essuyant de lourdes pertes, s’apercevant du coup qu’ils ont été envoyés à l’abattoir sans que leur propre hiérarchie n’ait été mise au courant. C’est dans ce cadre que Rama (Iko Uwais) va devoir survivre, afin de terminer la mission et de pouvoir retrouver sa femme enceinte sain et sauf.

Vous l’aurez compris en lisant ce synopsis : The Raid ne brille pas par son scénario. Et là, je vois déjà quelques rétracteurs crier : « Oui mais c’est un film d’action donc on s’en fiche ! ». Surtout que pour d’autres longs-métrages, comme pour la saga Transformers, je suis le premier à dire que le script n’est vraiment pas l’intérêt premier de ce genre de divertissement. Que ce n’est pas pour l’histoire que nous nous sommes déplacés en salle (ou que nous avons allumé notre petit écran). Pourtant, en voyant The Raid, je peux vraiment confirmer que le manque « total » de scénario nuit au rendu final d’un film, quelque soit le genre auquel il appartient. Et ce qu’il manque à The Raid en est la cause : le long-métrage n’a pas de personnages !

D’accord, nous avons le héros, Rama, qui se bat et qui veut tout faire pour revoir sa femme. Et qui, au passage, va revoir son frère (une intrigue secondaire cousue de fil blanc). Mais c’est tout ! En y regardant bien, The Raid n’est qu’un enchaînement de séquences d’action, ni plus ni moins ! Où Rama ne sert que de point de repère et aussi de combattant de taille. Du coup, nous n’avons aucune sympathie pour ces pauvres policiers qui, une fois sur place, vivent pourtant un véritable carnage. Pas la moindre empathie pour eux, le film faisant des séquences dites d’émotion des scènes à rallonge qui ne font que préparer la prochaine baston ou fusillade. Et avec une mise en scène qui se rapproche de celle d’un documentaire (en même temps, le réalisateur provient de ce milieu), ça n’aide pas vraiment à avoir d’attache !

Oui, The Raid est une suite sans fin de moments d’action, comme il est stipulé dans le paragraphe précédent. Ce qui fait sa faiblesse, mais également sa très grande force. En effet, à défaut de nous présenter un script digne de ce nom, Gareth Evans (officiant aussi au poste de monteur) nous livre un festival d’adrénaline comme nous n’avions plus vu depuis belle lurette ! Avec ce style documentaire (qui renforce la sauvagerie et le réalisme des scènes), le cinéaste reste collé à ses acteurs, les filmant dans des séquences à l’énergie folle. La caméra tremble dans tous les sens, les balles fusent à tout-va, Iko Uwais est un remarquable cascadeur et pratiquant de Pencak-Silat (art martial indonésien qui, dans ce film en tout cas, en met plein la vue), les chorégraphies sont tout simplement renversantes, une mise en scène nerveuse qui en jette… Amateurs de films d’action, vous ne pourrez qu’être séduits par ce défouloir qui peut se vanter de se hisser directement auprès des plus grands hits du genre.

À défaut d’avoir quelque chose d’intéressant un raconter, The Raid mérite bien son succès et son titre d’un des meilleurs longs-métrages d’action de ces dernières années, tant Gareth Evans a réussi le pari de faire une véritable attraction pour seulement 1 million de dollars (alors que les blockbusters tournent autour des 150 millions, parfois sans arriver à un tel résultat). Et quand on voit les critiques qui entourent sa suite (sortie récemment), nous ne pouvons qu’être impatient de voir ce que cette dernière peut donner, tant le premier opus était déjà un divertissement de haute volée. Auquel il manquait juste une âme pour surpasser la concurrence haut la main.
sebastiendecocq
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le 25 août 2014

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