Arrivé à un carrefour existentiel et inévitable de sa vie, le film de zombie patauge. Les pellicules sortent à grand nombre tous les mois, chacune s’autoproclamant référence en la matière, et le business est devenu si opportuniste que plus des trois quarts n’ont même pas d’effets-spéciaux à la hauteur, que cela soit du niveau actuel ou passé. Et puis le film de zombie ça n’est pas que du gore, George Romero nous le prouvait très bien avec ses bobines subversives, mais depuis le papy du genre peu ont essayé de dire quoique ce soit au travers de leurs œuvres.
The Returned c’est le coup de pied dans un tas d’excréments nauséabond, que ce soit sur le fond ou la forme. Admirez ce bref résumé « Dans un monde qui a vécu une ère zombie, où les infectés vivent des vies normales, leur rétrovirus arrive à son terme », avouez que rien que ça ça met en bouche. Et puis si l’on soulève le fait que la protéine nécessaire à la production du rétrovirus doit être extraite directement depuis la colonne vertébrale d’un mort-vivant, on comprend bien la problématique : plus les gens reviennent, plus la source se tarit, un serpent qui se mord la queue en somme. De ces éléments découle une vive critique envers la société et son comportement avec les immigrés (et autres personnes non-privilégiées, comme les handicapés, les gays, etc.). Ils sont indésirables, toutes les railleries et regards étant là pour leur faire sentir, cela sans compter les milices, semblables aux groupes d’extrême-droite.
Pour leur pamphlet, les réalisateurs et scénaristes Manuel Carballo et Hatem Khraiche ont eu évidemment la bonne idée de choisir un acteur blanc pour tenir le rôle principal, ce qui semblait logique pour que monsieur tout-le-monde puisse s’y identifier, et cela fonctionne plutôt bien (l’essai n’est pas sans rappeler le White Man avec John Travolta, où situations blancs/noirs étaient inversées). Néanmoins la bobine est subtile et bien que le fond soit acerbe, la forme est évidemment compréhensible par n’importe qui, une course contre la montre où un Homme doit survivre suffisamment de temps pour qu’une éventuelle solution synthétique puisse lui sauver la vie, tout en se protégeant face aux milices bien décidées à ce que les revenants ne reviennent jamais. Néanmoins, tout comme Ponty Pool, le film en a beaucoup dans la caboche et mise tout sur son histoire, ses personnages, sa photographie, sa bande-son, etc. Un pari très risqué, car l’on sait très bien que s’il n’y a pas de gore, le film a intérêt à avoir VRAIMENT quelque chose à raconter, au risque d’aller rejoindre ses homologues sur le tas d’excréments. The Returned ne pêche évidemment pas et est une franche réussite, chaque scène étant un délice de narration et d’une recherche visuelle offrant une esthétique exceptionnelle. Rares sont les films de zombies que l’on aurait envie de revoir rien que pour en admirer à nouveau les plans !
La seule chose que l’on pourrait reprocher à The Returned est son épilogue qui est, sans mâchement de mot, une catastrophe. Pas de spoil, mais à moins d’être resté coincé au premier niveau du Professeur Layton vous verrez arriver avec pachydermie le rebondissement final. Quelque chose de gênant, car bien souvent lorsqu’on quitte une salle c’est avec la dernière émotion en tête, ce qui risque de bien handicaper le métrage. Cela dit, à tête reposée et lorsque l’on y repense, on se dit que le temps est passé agréablement vite et que l’on s’est maté un excellent produit, thriller de référence dans le domaine, méritant amplement sa place avec les plus grands.
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le 7 avr. 2014

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