Au même titre qu'Interstellar, The Revenant était attendu et (sur)vendu comme un chef d'oeuvre, une machine à rafler les oscars qui devait tout écraser sur son passage : metteur en scène au somment, casting de fou, équipe technique talentueuse, etc. Tous les ingrédients semblaient réunis et il faut dire que le naturalisme brut de décoffrage qui se dégageait des premiers trailers et la véritable démonstration technique qu'ils auguraient avait de quoi exciter les cinéphiles les plus blasés.
A l'arrivée ceux qui attendaient un monument du septième art en seront pour leur frais car si The Revenant est beau à s'en décrocher la mâchoire, il fait aussi malheureusement parti de ces œuvres qui ont les qualités de leurs défauts.


En effet, Iñarritu bien conscient qu'il est de sa maestria formelle, semble bâtir son film autour de ses prouesses techniques quitte à parfois sacrifier son récit et ses personnages. On pense principalement à ces plans séquences magistraux mais qui ne sont pas toujours aussi pertinents que celui, estomaquant, qui ouvre le métrage et qui expose brillamment tous les enjeux de la péloche. De nombreuses scènes semblent ainsi n'être que des prétextes pour faire l'étalage d'une maîtrise visuelle indiscutable mais qui prend parfois le pas sur la cohérence de l'ensemble.


En outre, la dimension viscérale de l'histoire n'est jamais totalement assumée dans la mesure où celle-ci est plombée par des élans mystiques et par un symbolisme balourd (des flashs-back redondants et vite chiants). C'est dommage car le film n'est jamais aussi bon que quand il embrasse pleinement sa nature de survival hardcore et sans concessions, comme quand il suit le chemin de croix physique de son héros ! The Revenant est avant tout une histoire de vengeance dans la plus pure tradition du genre et on regrette qu'Iñarritu ne cherche à intellectualiser la chose sans pour autant parvenir à dissimuler le caractère archétypal de certaines situations et des personnages (le film se livre d'ailleurs à un "french bashing" assez grotesque) . A ce titre, on saluera néanmoins le travail des comédiens tous géniaux malgré la caractérisation sommaire de certains rôles. Fort de sa performance jusqu’au-boutiste, Di Caprio impressionne même si il verse parfois dans le too much et c'est bel et bien Tom Hardy qui tire son épingle du jeu en composant un fascinant personnage de salopard.


Au final, The Revenant aurait gagner à durer vingt minutes de moins et à se focaliser uniquement sur le parcours de Hugh Glass. On a parfois la désagréable impression que les sublimes images d'Emmanuel Lubezki (auquel le film doit son incroyable tenue visuelle) sont davantage au service de la volonté du cinéaste mexicain d'en mettre plein la vue que d'une histoire qui possède pourtant des aspects intéressants (la touchante relation entre Glass et son fiston, le rôle des indiens et la superposition d'une deuxième histoire de vengeance). En conséquence, The Revenant manque de peu d'être le chef d'oeuvre absolu qu'il aurait voulu être, la faute à un metteur en scène qui une fois n'est pas coutume, fait un peu trop d’esbroufe.

Diego290288
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le 27 févr. 2016

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