Inarritu s’est fait connaitre grâce à des films mettant en scène les destins croisés de plusieurs personnages (21 grammes, Babel…). C’est par une prouesse technique que le réalisateur sera consacré en 2015 : avec Birdman, il offre un gigantesque faux plan séquence de 2h qui lui permettra d’obtenir l’oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur.


Désireux de montrer au monde l’étalage de son talent, Inarritu récidive moins d’un an plus tard avec The Revenant qui lui vaudra, là encore, l’oscar du meilleur réalisateur, tandis qu’il permettra à Leonardo Di Caprio de remporter (enfin) la statuette tant convoitée.


The Revenant, c’est une histoire de vengeance dans la neige. Laissé pour mort par sa tribu, Leo fera son possible pour survivre, récupérer et botter le cul des responsables. Tout ça dans une nature extrêmement hostile. Ce cadre assez simple permettra à Inarritu de faire étalage de ses compétences : lumière naturelle, plan séquences, photographie magnifique… techniquement, on peut difficilement émettre des reproches objectifs à l’encontre de The Revenant tant il semble maitrisé de bout en bout. Et pourtant…


Dans le documentaire consacré au projet avorté « Dune », Alejandro Jodorowsky explique qu’un film doit avoir un cœur, une âme. J’avoue avoir du mal à discerner l’âme de The Revenant. Le cadre semble avoir été choisi pour satisfaire aux souhaits du réalisateur. Tout est fait pour que Inarritu puisse nous montrer ostensiblement ce qu’il sait faire, et le film oublie de nous révéler ce qu’il aurait vraiment à offrir. C’est long, prévisible, parfois ennuyeux voire vaniteux. On retrouve du Tarkovsky dans beaucoup de séquences de The Revenant, à une différence majeure près. Dans le cinéma de Tarkovsky, chaque plan veut dire quelque chose, il guide le spectateur, ses émotions. Ici, la technique fait office d’artifice et semble masquer un manque cruel de fond.


The Revenant est bourré de qualité. Il reste un objet contemplatif intéressant. Di Caprio joue parfaitement son rôle, même si on peut se demander si l’oscar ne vient pas récompenser l’ensemble de son œuvre plutôt que cette performance qui ne me semble pas être sa meilleure (on sait toutefois que hollywood est friand des performances de type perte de poids, métamorphose ou tournage en températures extrêmes). Tom Hardy est également très convaincant dans son registre. Néanmoins, je suis sorti de la salle en me disant : « Tout ça pour ça ? ». Beaucoup de publicités, d’éloges, beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Techniquement parlant, The Revenant est peut-être un grand film. Ce n’est en revanche pas une grande œuvre.

L9inhart
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le 1 janv. 2017

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