Si l'on regarde ce film en 2019 on ne peut s'empêcher de le croiser avec l'excellent Parasite de Joon-ho Bong. Beaucoup de thèmes se recoupent ; la relation de classe sous le prisme employeur/serviteur, l'envahissement lancinant de son chez-soi, la débauche et le mépris.


The Servant reste plus lent. La passation de pouvoir s'opère avec plus de subtilité, la déchéance semble irrémédiable et la conclusion est moins saignante.


Le tandem Sarah Miles et Dirk Bogarde est excellent. Bogarde est finassier et tortueux, Sarah Miles toquée et érotique.


Losey livre un film impeccable qui offre des plans virtuoses : l'inclusion du reflet des miroirs convexes qui permettent deux vues simultanées, la focalisation sur l'ombre du serviteur nu quand celui-ci est pris en flagrant-délit, ou encore ces dissimulations facétieuses des scènes lascives qui ne révèlent, sur les bords, que des mains alanguies ou des mollets tendus.


Sans doute le dernier tiers du film manque de cohérence. Cette chute de Tony (James Fox, très bon aussi) dans l'irrationnel a quelque chose d'un peu précipité, mais le film bascule dans une épaisseur hallucinatoire satisfaisante et qui se combine bien avec l'épilogue de cette révolution domestique.


Dommage que la musique ne soit pas à la hauteur.


P.S : Si quelqu'un a une explication sur l'origine de ces baisers incroyablement tendus dans le cinéma d'avant 1980 (estimation vague), je suis preneuse. Je ne comprends pas ces bec à bec de puceaux.

Motherfuck
7
Écrit par

Créée

le 9 déc. 2019

Critique lue 527 fois

17 j'aime

5 commentaires

Motherfuck

Écrit par

Critique lue 527 fois

17
5

D'autres avis sur The Servant

The Servant
Sergent_Pepper
8

Vol avec escalier.

De Losey, je n’avais jusqu’alors vu que La Bête s’éveille qui était loin de me laisser un souvenir impérissable, et dans lequel on retrouve quelques éléments qui font de cet opus une version bien...

le 14 sept. 2015

38 j'aime

The Servant
JZD
8

Bien sapé.

Tony, est un beau, jeune, blond et riche jeune homme, aristo moderne et infiniment anglais, traine depuis un moment au bord de la crise de nerf. Il aime avec flegme une jeune femme de son milieu et...

le 10 août 2012

35 j'aime

5

The Servant
oso
8

Iznogoud sournois

En filmant l’inversion du rapport de force entre un riche bourgeois et son valet, Joseph Losey illustre avec vice et violence le pire de la nature humaine, sa quête de désir, sa recherche constante...

Par

le 14 oct. 2014

25 j'aime

1

Du même critique

Après l'histoire
Motherfuck
5

Non

J'ai eu du mal à terminer Après l'Histoire. Ce n'est pas que le texte soit difficile d'accès, c'est plutôt que le ton contempteur, méprisant et dépréciatif de Muray a fini par me saouler, si bien que...

le 29 mars 2020

24 j'aime

15

1917
Motherfuck
10

Oui

C’est agaçant cette interminable antienne de la supposée opposition entre le cinéma et l’entertainment, anglicisme intraduisible désignant le divertissement sans l’art, le spectaculaire émotif,...

le 26 janv. 2020

24 j'aime

9

Sérotonine
Motherfuck
7

Oui

C'est bien Houellebecq, sur l'échelle de Richter c'est toujours un petit séisme, et chacun de ses livres fait toujours le même effet, c'est navrant et délicieux, je dirai 3/10 sur l'échelle de...

le 11 févr. 2020

23 j'aime

5