The Sessions par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Mark 0’Brien est un américain de 38 ans cloué dans un poumon d'acier à la suite d'une polio contractée dans sa jeunesse. Il tente ainsi de survivre chez lui. Sa profession de journaliste est très compromise et son talent de poète s'amenuise au rythme de sa souffrance. Ses quelques sorties autorisées et accompagnées sont consacrées à sa visite au prêtre de la paroisse auquel il livre ses confidences, ses états d'âme et bien sûr son besoin de sexualité dont la frustration devient un supplice. N'acceptant plus cette situation Mark passe une annonce sur son ordinateur destinée à rencontrer une bonne âme qui serait susceptible de lui faire découvrir l'acte charnel. C'est ainsi qu'il fait la connaissance Cheryl, une thérapeute spécialisée dans "l'assistance sexuelle". Au fil des séances, une affection va naître entre eux...


C'est une histoire véridique que celle vécue par Mark O'Brien. Cet homme est prisonnier depuis sa tendre jeunesse de son étau avec pour compagnie cette machine d'assistance permanente pour sa respiration et une pipette indispensable pour éviter l'étouffement. Mark reçoit également l'assistance d'aides ménagères qui l'accompagnent le plus souvent à la paroisse. C'est dans ce lieu où il peut confesser ses pulsions sexuelles et demander la bénédiction du Seigneur, par l'intermédiaire du Père Brendan, afin qu'il se fasse le messager auprès d'un Dieu bien cruel avec lui. À cet âge Mark décide de perdre coûte que coûte sa virginité. C'est par une petite annonce rédigée péniblement sur son ordinateur qu'une éclaircie va se produire dans son existence en la personne de Cheryl Cohen Greene, une thérapeute sexuelle. Son programme s'établit en douze séances d'une heure. Au fil des rendez-vous, une amitié puis une tendresse lient Mark et Cheryl. Malgré la douleur due à sa maladie, le jeune homme va atteindre son but, la fierté de ne plus être puceau. Dieu aura certainement pardonné ses fantasmes sexuels hors du commun, ses propos lubriques, et sa rancœur envers lui pour qui la vie a basculé si précocement en enfer.
La dernière séance de Cheryl s'achevant, une douleur de plus viendra s'ajouter pour Mark. Elle sera partagée par la thérapeute qui par son attachement aura rendu sa dignité à un homme prisonnier à vie par la maladie et l'infirmité. Grâce à cette expérience, Mark trouvera une âme sœur pour poursuivre sa vie jusqu'en 1999, année de sa mort à cinquante ans.


Traiter un tel sujet plein de complexité sur le plan psychologique sur la souffrance et les rapports ambigües avec la religion n''est pas chose facile. Il faut reconnaître que le réalisateur Ben Lewin a parfaitement réussi dans sa démarche. Il évite d'entraîner son sujet dans le mélo d'autant plus que dans la vie de souffrance de Mark rejaillit bien souvent une dose d'optimisme. Des pointes d'humour se font très judicieusement ressentir par les attitudes de certains personnages rendant l'œuvre captivante de bout en bout. Il faut constater que les acteurs contribuent pleinement à nous faire vivre intensément l'une des parties marquantes de la vie de Mark. Son personnage atypique est formidablement bien interprété par John Hawkes. L'acteur nous fait vivre avec beaucoup de sensibilité et de sobriété le destin cruel de Mark, surmontant en partie avec un caractère bien trempé les épreuves de sa vie. Helen Hunt, l'accompagne avec beaucoup de délicatesse et de talent dans le rôle de la douce et sensuelle Cheryl, cette femme à qui il doit le rêve presque insensé de sa courte vie. William H. Macy est très convaincant dans son habit de prêtre confident, négociant avec Dieu le pardon des pensées d'un homme foudroyé par le destin.


C'est une œuvre intéressante et prenante dont je vous propose la critique, un film nous faisant entrer dans l'intimité d'un homme frustré au plus profond de son être. En réalisant ce film, Ben Lewin nous offre avec beaucoup de justesse un biopic aussi fort qu'inattendu et aussi optimiste que douloureux.

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le 16 déc. 2016

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