Le film que tu n'aimeras que si tu sais suivre une histoire qui se complique plus que ce titre
Comment parler d'un informaticien sans perdre le spectateur quand celui-ci, en matière de programmation, est un quasi-béotien ? Ajoutez à cela un débit so speed à l'américaine, un film en VOSTFR, et la compréhension du texte devient un défi. C'est bien là le reproche que je ferais à ce film. Fincher, comme la plupart des Américains, ne semble pouvoir montrer la créativité qu'en accélérant le débit de parole des acteurs et cela peut parfois poser problème pour la réception : on se demande parfois si les maniaques ne seraient pas les seuls à faire tourner la Terre. D'un autre côté, il a réussi à filmer des scènes de programmation (« Attends, le dérange pas, il tape du code !» ou encore « C'est quoi, l'algorithme ??!! » mais oui, morbleu, c'est quoi l'algorithme ?) sans les allonger outrancièrement. Je lui en sais gré.
Ce film nous présente la création du site Facebook via la reconstitution d'un procès. Le choix du récit enchâssé, s'il permet de nombreuses coupes, vient encore ajouter de la complexité au tout. Cela dit, ce dispositif offre aux différents personnages l'occasion de commenter les étapes de leur parcours, tout en créant de l'attente en continu.
En dehors de ces va-et-vient entre le procès et la création du site, le récit, finalement, est organisé chronologiquement. On a donc l'opportunité de le comprendre ! Les personnages sont montrés dans leurs contradictions, sans manichéisme, et l'accent est mis sur leurs origines sociales ainsi que leurs motivations propres. Concernant le site lui-même, on perçoit bien la difficulté technique, l'importance des stratégies de développement (il faut être cool !), l'influence des différents intervenants et finalement, le miracle de cette réussite. C'est que ça aurait pu capoter à bien des moments !
En définitive, il faut voir ce film pour sa dimension documentaire. Il permet de mieux comprendre ce qu'est facebook, comment le site a été créé, pour quoi il a été créé et par qui. En revanche, il faut s'accrocher un peu, les choix narratifs ne laissant aucune place à la distraction.