Deux mondes s'opposent. Celui des riches bobos suédois accros à l'art contemporain et celui des classes populaires de la capitale Stockholm. Pour réunir tout ce petit monde, un musée de la ville n'a rien trouvé de mieux que d'exposer une toute nouvelle oeuvre, The Square, un carré dallé de 4m² censé apporté fraternité et partage à tout ceux qui y entrent. Pourtant, la réalité des choses semble bien moins idyllique.
La Palme d'or 2017 n'avait pas fait l'unanimité lors du festival de Cannes. Pourtant, cette tentative de dresser un portrait acide et pince-sans-rire des relations humaines dans la capitale suédoise a tout de même de quoi charmer
Le personnage principal (Claes Bang, très convaincant), Christian, conservateur de musée apathique et antipathique, est le point névralgique du film, celui par qui les deux mondes précités vont se rapprocher, s'affronter et apprendre à se connaître. Issu d'un milieu tourné en ridicule à travers son rapport absurde à l'art contemporain (les scènes les plus drôles du film d'ailleurs), Christian va vite se rendre compte que les préceptes érigés par The Square sont loin d'être accessibles.
Beaucoup de détours sont pris par le film de Ruben Östlund pour dépeindre le fossé existant entre les classes dominantes et intellectuelles et les personnes vivant dans la misère, tout simplement parce que le réalisateur a voulu aborder de trop nombreux sujets dans ce long film (plus de 2h20). La critique du sens donné à l'art contemporain, par exemple, est l'aspect le plus amusant du film mais peine au final à trouver une raison d'être face aux pérégrinations relationnelles du personnage principal. De plus, cet espèce de laboratoire expérimental des relations humaines offre quelques moments intéressants au cours des différentes rencontres que fait Christian mais se termine sur une note trop neutre et anecdotique pour donner sens aux événements qui se sont déroulés devant nos yeux pendant tout ce temps.
Mais "The Square" possède aussi de nombreuses qualités, notamment sa mise en scène décalée et originale qui, à l'image de certaines formes d'art, se hasarde à quelques procédés visuels qui font souvent mouche. Et même si la tentative initiale du film semble infructueuse lors de sa conclusion, ce dernier multiplie tellement les rencontres fortuites, improbables et amusantes qu'il en devient une longue succession de séquences quasi-toutes réussies à défaut d'être une oeuvre maîtrisant réellement son sujet.