Les étrangers dans la nuit

En 2008, The Strangers était une réussite dans le genre home invasion. 12 ans plus tard, il reste efficace malgré ses incohérences inhérentes à ce genre.

Introduction

Une larme coule sur le doux visage de Kristen McKay (Liv Tyler). Elle est dans une voiture, en compagnie de James Hoyt (Scott Speedman). Ils rentrent d’une soirée. Plus tard, on apprendra qu’elle a refusé sa demande en mariage. Il est 4h du matin. Ils sont seuls dans une maison isolée dans l’Amérique profonde. Une inconnue vient frapper à leur porte, demandant à parler à une certaine Tamara. C’est le début d’une angoissante nuit.

Home Invasion

Ce genre de film se vit de différentes manières. On peut se contenter de son atmosphère angoissante, des cris de son héroïne et du sang qui va repeindre les murs de la demeure devenant le tombeau de ses occupants. On peut aussi se moquer des dialogues insipides, de ce couple en rupture et de leurs réactions face à la menace qui s’abat sur eux. Cela dépend de l’état d’esprit au moment de son visionnage. Surtout, on peut faire les deux à la fois, en oscillant entre l’angoisse et le petit rictus moqueur devant les décisions désastreuses du couple, en se disant que finalement, ce n’est pas plus mal qu’ils s’en aillent avant de se reproduire. C’est moche.

Rappel des faits

Il est 4h du matin. Le couple est en rupture. James sort un énorme pot de glace pour se consoler. Il donne la bague à Kristen en prétextant que de toute façon, il ne peut pas la rendre, classe. Il ouvre la bouteille de champagne qui est dans un seau à glace, boit direct au goulot et la passe à sa future ex qui ne se fait pas prier. L’alcool faisant son effet après deux gorgées, ils sont au bord de la fornication, sauf qu’une personne frappe à leur porte. Ils vont l’ouvrir, sans prendre de précautions. Après ce moment, ils ne se posent pas trop de questions et retournent à leurs atermoiements. Sauf que Kristen n’a plus de cigarettes et James insiste pour aller en chercher, à 4H DU MAT’. Elle se retrouve donc seule, après le passage d’une inconnue, dans une maison isolée. Les “étrangers” vont en profiter. L’angoisse monte d’un cran. Kristen ne brille pas par son intelligence. Elle va réussir à se blesser toute seule par deux fois. James ne vaut pas mieux, oubliant son portable dans la voiture et revenant sans paquets de cigarette. On ne va pas s’attarder sur la tentative de fuite avortée en voiture, ni du fait que Kristen continue de se balader pieds nues dans une maison parsemée de bris de verre puis dans la forêt où ce n’est jamais très agréable pour notre délicate voûte plantaire. J’en oublie presque le remarquable passage du meilleur ami de James, Mike (Glenn Howerton), qui passe le prendre un peu plus tôt que prévu, à 5H DU MAT’. Non mais sérieusement, y a-t’il un scénariste sur le plateau?

Inspiré de faits réels

En préambule, le film annonce que chaque année, 1.5 millions de crimes violents sont perpétrés aux états-unis. On nous balance des chiffres, tel Eric Zemmour, pour faire naître la peur, alors qu’ils ne reposent sur rien. L’histoire est issue d’un souvenir d’enfance de son réalisateur et scénariste Bryan Bertino et de faits divers dont le tristement célèbre meurtre de Sharon Tate, enceinte du pédophile Roman Polanski, et de quatre autres personnes par un homme et deux femmes, appartenant à la secte de Charles Manson.

Conclusion

The Strangers résiste au temps qui trépasse. On sent l’influence du Funny Games de Michael Haneke, à travers la radicalité de sa mise en scène. Certes, Bryan Bertino n’a pas le talent du metteur en scène autrichien mais parvient à insuffler une dose d’angoisse pour captiver le spectateur jusqu’à son dénouement final.

Bonus

En 2018, une suite est apparue sur nos écrans, The Strangers : Prey at Night de Johannes Roberts. Elle est médiocre, au point de la qualifier de navet. Vous pouvez faire l'impasse où vous faire votre propre avis, à vos risques et périls.