Cette critique est presque plus une synthèse. Les bons films font que le lendemain matin, après en avoir pourtant déjà parlé longuement, il est encore nécessaire de s'envoyer des textos.


Jusqu'où peut aller la croyance, et quelle influence peut-elle avoir ? Et toi, spectateur, à la fin de ce film, à quoi croiras-tu ?


Dans un bled de la campagne coréenne, Gok-seong (qui donne d'ailleurs son titre original au film), la pluie donne une odeur acre aux scènes de meurtres effroyables qui commencent à s'accumuler. Est-ce une maladie qui donne l'impression d'avoir affaire à des sortes de possédés ? Où y a-t-il des forces occultes à l'œuvre ?


Na Hong-jin va faire rencontrer plusieurs systèmes de croyances, des préjugés xénophobes basiques aux implications divines, et montrer le pouvoir de la superstition et de l'obscurantisme : il y a ce diacre qui a une pensée pourtant magique, il y a ce chaman défenseur de l'animisme traditionnel, cet ermite boudhiste, cette femme étrange et mème ce prêtre qui essaye de faire appel à la rationalité. Tous ces personnages sont des étrangers au monde, et, comme possédé par sa recherche de vérité, le protagoniste un peu nigaud deviendra un étranger pour sa famille.
L'intrigue va mélanger les univers et leurs références, brouiller les codes et les symboles, et les codes.


On croit d'abord avoir affaire à un simple film policier avec un inspecteur un peu idiot. On rigole un peu, on est intrigué par tout ces crimes étranges… Et peu à peu les rires disparaissent de la salle. On rit jaune, puis on ne rit plus du tout… Le film nous a attrapé (on a "mordu à l'hameçon" comme dirait une des métaphores filées du film, il adore faire ça), et une fois le spectateur pris au jeu, il conserve la tension sur sa ligne.
Et le film en lui-même va commencer à brouiller les pistes avec les cauchemars du protagoniste qui deviennent récurrents et avec les changements de point de vu. La caméra est-elle un point de vu omniscient ou sert-elle le point du vu de l'inspecteur ? Sommes-nous les spectateurs impuissant d'un thriller horrifique ou les témoins d'un délire mystique et mortel ?
Et à la fin, quelle version croyez-vous ?

OrCrawn
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le 5 juil. 2016

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