L'esprit d'équipe...C'est des mecs qui sont une équipe, ils ont un esprit ! Alors, ils partagent !

Citation de Coluche


Je tiens à prévenir que je vais révéler des moments de l’intrigue qui pourraient vous gâcher le film, surtout que James Gunn aime jouer sur la surprise.


On ne peut pas dire que le "Suicide Squad" de 2016 ait fait l'unanimité, très loin de là, mais il reste quand même un petit plaisir coupable pour moi. Après cet échec qu'on peut qualifier de tonitruant à ce stade, il fallait reboot la licence, car on ne pouvait juste pas continuer avec une base aussi bancale. Heureusement pour la Warner, la concurrence a, comme à son habitude, fait quelque chose de stupide ; lâcher leur meilleur réalisateur, ayant fait leurs meilleurs films (ou tout du moins les plus personnels) pour une histoire de tweet crade datant de 10 ans… c’était inespéré; car s’il n’y a qu’un seul réalisateur ayant la carrure pour réalisé un film à la fois violent et comique c’est bien James Gunn (on aurait pu aussi penser à Matthew Vaughn mais il est pas au meilleur de sa forme). On pourrait penser que ça s’arrête là sauf que non, la Warner lui a limite donné carte blanche (il n’a été bridé que 2 ou 3 fois, ça se sent notamment dans la scène d’évasion d’Harley ultra-violente qui se censure avec des dessins animés). Ils ont donné carte blanche à James Gunn, le réalisateur de Super, le réalisateur qui a réussi à faire des Gardiens de la Galaxie 1 et 2 un délire jouissif et personnel malgré l’encadrement militaire des producteurs Marvel. Avant même que le projet commence on savait que bon ou pas, ce reboot allait se faire avec la finesse d’une...étoile de mer.


Le principale reproche que l’on peut faire au premier film, c’est le rôle super héroïque qu’il a donné aux personnages, les rapprochant ainsi plus de l’équipe d’Avengers un peu fous qu’à un réel escadron suicide. On peut dire que James Gunn a eu rapidement envie de remettre les pendules à l’heure, car après une scène d’intro sous fond de musique cool avec un gros drapeau américain en fond, il décide de tuer toute son équipe, enfin presque mais on y reviendra plus tard. Cette scène, qui peut sembler d’un premier abord inutile, permet à son réalisateur d’illustrer les différents points importants de l’œuvre. Il nous fait comprendre que ses personnages peuvent mourir, ce qui va créer l’incertitude et un réel engouement sur la survie de la vraie équipe. Il rappelle le caractère imparfait de ses personnages, de par leurs comportements (égoïste, impulsif, stupide…) et leurs pouvoirs (Lancer des paillettes où posséder un javelot). Il y a encore beaucoup d’autre chose que cette bande annonce introduit mais que nous que nous traiterons plus tard, je finirai donc par dire que les premières minutes de The Suicide Squad font réapparaître la véritable violence qu’on attendrait avec un titre de films contenant suicide, une violence décomplexée et assumée, qu’on arrive à rendre comique sans l’amoindrir et à exagérer sans pour autant la rendre trop lourde, trop spectaculaire (et donc moins réaliste). Le premier personnage à mourir le fait d’ailleurs de la même façon et plus où moins dans les même conditions qu’Ellen (enfin Elliot mais à l’époque où il s’appelait Ellen fin bref je sais pas lequel il faut dire quand sa touche à son passé) Page dans Super, ce qu’on pourrait percevoir comme un retour à la liberté de son réalisatueur.


Quand on pense à James Gunn, on pense tout de suite à 3 choses : sa mise en scène, ses personnages et ses dialogues, les 3 dans une histoire qui n’a, à première vue, aucun sens. Pour ses personnages, on peut constater un sacré bon en avant depuis le premier opus. A commencer Harley Quinn qui n’est plus un espèce de fantasme sexuel mal assumé, elle reprends réellement sa place, un personnage que la folie rends presque extérieur à l’histoire (quand elle tue Luna ou qu’elle survie sur la plage) tout en la mettant au centre de celle si (par des scène comme l’œil de Starro), c’est d’ailleurs amusant de voir que tout en étant beaucoup moins sexualisée (volonté assumée par son entrée en scène par une blague sur son caca) que dans le premier opus, elle rayonne beaucoup plus, notamment par sa robe qui lui sert d’arme durant son évasion (et qui laisse penser à Wedding Nightmare). Vient ensuite Ratcatcher II (dont le père est interprété par Takia Waititi) qui prend le rôle d’une adolescente/jeune adulte naïve, l’ironie venant du fait qu’elle contrôle des rats, alors que l’archetype qu’elle interprète devrait normalement en avoir peur. Elle fonctionne bien avec King Shark un personnage profondément idiot mais gentil, qui doit se battre entre ses instincts de dévorés ses coéquipiers, c’est donc un personnage enfantin. Le personnage de BloodSport est montré comme sans failles si ce n’est sa peur des rats (il a peur de l’adolescente et par métaphore de sa vie de famille), à eux trois ion peut dire qu'ils forment une famille qui se construit tout le long de l'histoire. PeaceMaker détruit ses idéaux par son extrême violence et son comportement nanardesque et on attend sans cesse la mort de Polka Dot-Man (maladie dans la jungle, attaque dans la tour ect...) qui intervient quand on s’y attend le moins : quand il accomplit son rêve.
C’est plus compliqué d’expliquer factuellement le génie derrière les dialogues, mais je pense que tout se base sur la justesse entre une battle de rap et le réel, car oui, ce qui caractérise les dialogues de The Suicide Squad et qu’on retrouvait déjà dans les 2 opus des Gardiens de la Galaxie c’est la joute verbale où chacun a l’air d’être devin sur ce que va dire l’autre pour répondre du tac au tac, un espèce de dialogue de sourds car chacun va rester sur ses positions, son monde. C’est d’ailleurs caractéristique de l’équipe, c’est quand ils arrêtent de se chamailler pour décider ce qu’il faut faire qu’ils s’ouvrent aux autres, et à nous aussi par la même occasion.
Ce qui est le plus fort avec la réalisation à mon sens, c’est cette capacité à faire coexister un réalisme violent et cruel avec un comique absurde. Ça se joue sur plusieurs points notamment par le fait que les personnages ne sont pas volontairement comiques (hormis Harley mais comme dit précédemment, elle est un peut extérieure au film) et que les scènes sont soit réalistes soit comique, il y a très peu de mélange. Bien sûr au-delà de l’humour qui joue beaucoup sur, James Gunn c’est aussi spectaculaire, violent qui joue autant sur une chorégraphie millimétrée (évasion d’Harley) que sur du très bourrin comme le personnage de King Shark, le tout offrant un résultat joussif.


Mais en réalité ce qui est le plus drôle avec cette Suicide Squad c’est que son équipe normalement parfaitement optimisée pour gagner (comme on a pu le voir avec l’attaque du camps des résistants) se retrouve en difficulté à cause des caractères et des défauts de chacun, ce qui fait que pour une équipe profondément mauvaise (dans le sens amorale) (le film ne cache pas qu’aucun des personnages n’est bon, comme la belette au physique drôle qui a mangé une vingtaine d’enfants) on a des personnages très humains, et c’est d’ailleurs sur ça que se joue tout le sous texte du film


Bah oui, c’est pas parce que James Gunn propose des films délirants qu’il ne va pas mettre un sous-texte social derrière, c’est d’ailleurs à ça qu’on reconnaît les grands films comiques. Les membres de la Suicide Squad, sont ici des marginaux (encore une fois il ne sont pas exemptent de défauts impardonnables, loin de là, l’idée c’est bien de nous montrer qu’il n’y a pas de camps mieux que l’autre. La scène de l’oiseau condamne d’ailleurs leur violence, car on pourrait l’interprété comme un "qui sème le vent récolte la tempête" ou si vous préférez : "le mal qu’ils ont faits leur retomberaun jour dans la gueule"), qui paient leurs méfaits au système en allant dans une mission suicide pour se maintenir ce dit système en place. Cet Amérique décrite profondément inhumaine, car peu factuelle, représentée uniquement par le personnage de Waller qui voit ces marginaux comme des armes dont elles n’hésitent pas à se débarrasser si elles ne servent plus. Ces deux camps trouveront un soupçon de bonté, l’un dans l’humanisation de ces marginaux et dans le dédouanement de ceux-ci dans le choix de faire le mal (ils n’en restent pas moins des personnages profondément mauvais) et l’autre dans la punition de Waller (qui se fera assomer au même endroit que là ou elle tue les marginaux) qui prouve que si le système est mauvais, ce qui vivent dedans ne le sont pas forcément. Arrivés sur l’île, l’équipe va rapidement se rendre compte qu’ils ne sont pas tant là pour sauver les gens que pour masquer le caractère amoral du système qu’ils servent, face à cela 3 cas de figure : Rick qui est un personnage profondément moral, qui se fera tuer de façon amorale (coup en traitre) par un système décrit depuis le début comme imbattable, PeaceMaker aveuglé par son service à la nation (c’est même le principal ressort comique du personnage), il se fera tuer par les marginaux qu’il a sous estimé et pour finir le reste des marginaux qui tout en se battant contre toutes les formes de système qu’il juge dangereux (Starro, Les USA mais surtout Luna tué par Harley Quinn qui se révèle opposée à toute forme de totalitarisme et massacre d’innocents) mais qui savent respecter la toute puissance d’un système contre qui ils ne peuvent rien faire si ce n’est s’en échapper (ils ne divulguent pas le message à la nation). J'aimerai rajouter en plus que la défaite de Starro par les rats est un symbole, le système est vaincu par les animaux représentant le plus les rejetés, les haïs de la société qui ensemble et avec beaucoup de sacrifice, arrivent à devenir plus forts que ce dit système.



En conclusion on a rarement eu affaire à un film aussi farfelu mais dirigé de façon chirurgicale pour révéler tous les paradoxes et émotions créés par ce principe d’escadron suicide de marginaux. The Suicide Squad est sans doute le meilleur film d’équipe de super héros jamais réalisé, démontrant un James Gunn au sommet de son art.


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le 29 juil. 2021

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Lordlyonor

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