James Gunn en roue libre, tempête à l'horizon

Décidément, DC essaye tant bien que mal d'effacer leurs œuvres bâtardes et désavouées, expulsées aussi vite des usines que du box-office, en les faisant passer par la case reboot, dans l'espoir de garder un tableau de chasse aussi impeccable que possible.


Alors que James Gunn venait de faire entrer le MCU dans une nouvelle ère avec ses Gardiens de la Galaxie, y ancrant une identité visuelle propre et ramenant foule de souvenirs avec sa bande-son revenue des eighties, et de rempiler pour un deuxième opus, sa carrière s'annonçait sans fautes. Mais à cause de polémiques dont je ne parlerai pas, il se faisait au final jeter de l'écurie Marvel.


Mais c'était sans compter sur DC qui attendait dans l'ombre l'occasion de signer avec le réalisateur de Super, pour offrir un nouveau visage à un film pourtant pas si vieux mais déjà tant conspué, dont le lifting devait être total si l'on voulait faire à nouveau passer la pilule : nom de code, Suicide Squad.


Qu'à cela ne tienne, le réalisateur possède carte blanche en plus, et il le fait bien comprendre dès son introduction (qui n'est pas sans rappeler le moment X Force de Deadpool 2), en dynamitant l'univers sans aucune once de dramaturgie mièvre.


Car oui, le Suicide Squad nouveau cru est complètement débile, fun, barré, et c'est en cela qu'il est totalement jouissif durant ses deux heures de visionnage. James Gunn appose complètement sa patte sur ce projet, au point que même le cadrage et le montage du film reflète l'état d'esprit d'un homme complètement barge aux commandes.


Si les Gardiens de la Galaxie devait rester familial dans son humour et son identité visuelle, ce film s'en fiche royalement, s'adonnant à lâcher sur le spectateur, encore médusé de voir se battre ensemble une belette hystérique et la réincarnation spirituelle de Norman Bates, des piscines olympiques d'hémoglobine et de tripes, et lâchant autant de fuck que de majeur levés. Et pourtant, si l'on pourrait penser au premier abord que The Suicide Squad n'est qu'une simple folie de Gunn simplement remplie de délire et de fun, il faut aussi y voir l'identité visuelle délirante qui s'en dégage, à mi-chemin entre de vieux comics de série B des années 70 et le trip psychédélique, et la façon qu'a le film de laisser ainsi une empreinte indélébile sur le spectateur.


Malgré un rythme effréné dans ses débuts, le film s'offre pourtant de beaux moments un brin émouvants qui, si ils cassent un brin l'action, apportent une impression d'attachement aux protagonistes que l'on suit tout du long. Cette équipe de bras cassés, ces fonds de tiroir de super héros de série B, sont interprétés avec brio par leurs acteurs/trices respectifs, et offrent de superbes séquences complètement ahurissantes de débilité que l'on ne pourra sûrement jamais décoller de leurs interprètes.


Un plaisir incommensurable à regarder ce film, qu'à en écrire cet éloge.

Le-Maitre-Archiviste
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le 27 août 2021

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