Suicide Squad 2021 n’est pas un grand film, ce n’est même pas un très bon film. C’est un chouette moment et un bon film d’action, mais tout son sel se trouve paradoxalement dans les coulisses qui ont mené à sa réalisation, et l’impact que cela a eu sur le film fini.


Rappel : en retard pour sa propre naissance (2013 vs 2008 chez Marvel), le DCEU n’a eu de cesse de se démarquer de son concurrent direct dès le départ, confiant les bases de l’univers à dark Zack Snyder (dans la lignée de ce qu’a proposé durant 5 ans Christopher Nolan évidemment). 2016, panique totale, les pontes sont subjugués par l’audace visuelle et narrative (ou juste les chiffres au box-office, peut-être) du Gardiens de la galaxie de James Gunn. Moralité : le premier Suicide Squad est piraté de l’intérieur, on se retrouve le cul entre deux chaises en copiant-collant sans comprendre l’autre film, et les ennuis commencent. On se débarrasse de Zack Snyder, on sait pas trop quoi faire d’une écurie de réalisateurs surprenants (Patty Jenkins l’intello, James Wan et David Sandberg les pros de l’horreur, tous devant faire du Disney teinté de Snyder quand même). 2018 : James Gunn est viré, Warner fait les yeux doux, et la vengeance est un plat qui se mange froid. Avant de réintégrer Disney, James Gunn va quand même se charger de la version 2021 de Suicide Squad, y régler quelques comptes et retour à la maison.


Tout ce contexte est long mais important. Déjà parce qu’il indique énormément de choses sur l’état du cinéma hollywoodien aujourd’hui mais, surtout, parce que Suicide Squad ne serait pas ce qu’il est sans tout ça. Dans son film, Gunn refait du Gardiens de la Galaxie en plus décomplexé, sans limite quant au gore (et du sang et de la bidoche, y en a) et à l’humour noir omniprésent. Pour le reste, même ingrédients (b.o. alliant compo de l’excellent John Murphy avec des hits d’une autre époque comme Kansas, Jim Carroll Band, Pixies jusqu’à Johnny Cash et même Louis Prima), même énergie, pied de nez ajouté en bonus (Taika Waititi, un temps considéré comme son suppléant chez Marvel, qui joue le rôle d’un clodo). Surexcité, James Gunn tire dans le tas en se moquant de son nouveau boss dans la foulée (le massacre des rares acteurs du Suicide Squad original) et, sans limites, se paie des blagues dans tous les sens, jusqu’à Starro, une étoile de la mort… Wait !


Pour le reste, le film est trop long, avec un ventre mou, mais ça n’enlève pas grand-chose à son charme un peu rétro (Gunn cite De l’or pour les braves et les Douze salopards en référence). C’est juste un peu trop foutraque et, surtout, trop curieux en tant que film dans un univers déjà en ruines. Soulignant la mort du DCEU version Snyder et l’héritage qu’il a laissé chez Marvel, Gunn incarne son propre nom et tire sur tout ce qui bouge. Dans la pétarade, on se marre, on passe de bons moments, mais à la fin on attend que le chargeur soit vide afin de profiter un peu de l’absence de répétitions. Sympa comme une critique négative sur un film, jusqu’à ce qu’on se rende compte de l’aspect un peu moyen du truc quand on a moins parlé du film en lui-même que de tout ce qui l’entoure.

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le 25 sept. 2021

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