On ne savait pas trop quoi attendre de ce nouveau The Thing, tant l'original comme le remake de John Carpenter étaient tous deux uniques et exploraient le genre en usant d'approches différentes. Christian Nyby n'hésitait pas à nous montrer la créature, souvent dans des plans à contre-jour, durcissant le contraste et l'angoisse. Carpenter misait quant à lui sur l'ambiance glauque et malsaine, soutenue par une bande-son sublime signée Ennio Morricone, et qui en fit pour beaucoup un produit culte. Ce nouveau, qui n'est en définitive pas du tout un remake de celui de Carpenter, mais de l'ancien (rappelons-le, celui de 51 était la première mission, alors que le suivant était la seconde), bien qu'il emprunte à son « remake », que ça soit dans son esthétique, notamment au niveau des décors et de sa créature, et enfonce le clou à chaque moment, reprenant tout ce que le génie avait pu trouver d'inventif. On a la bête qui copie les humains, puis on a le coup des chiens, le thème de Morricone est vaguement réutilisé (mais agrémenté d'une bande-son dégueulasse signée Marco Beltrami), et summum du plagiat, la scène du test sanguin nous est à nouveau proposée, modifiée dans sa forme, mais dénuée de toute originalité et tension. Pas inventifs pour deux sous, les scénaristes n'ont pu s'empêcher de constamment jongler entre les versions de Carpenter et de Nyby, nous resservant même la forte opposition avec le scientifique local fasciné par la créature, tout comme l'était celui de l'original. Au final, ayant glané tout ce qui était réutilisable, ils ont succombé aux plaisirs de l'actioner de base, exhibant constamment la bête, la démystifiant et supprimant toutes possibilités d'instaurer une quelconque angoisse, si ce n'est celle de revoir ce long film d'1h45 ennuyeux et désincarné.


Bref, The Thing est la plus ignoble mise en image de ce que peut être un remake, ou une prequel (à vous de choisir), mais aussi la mise en évidence d'un total manque de respect des contemporains envers leurs aînés. Carpenter avait eu le respect de ses prédécesseurs, créant quelque chose de totalement différent, or ici la production au complet pisse sur une licence qui n'aurait jamais dû être à nouveau déterrée (si ce n'est en jeu-vidéo, la preuve avec celui sorti sur consoles, un survival à l'histoire basique mais à l'ambiance oppressante à souhait).
D'ailleurs, à voir tous ces pantins sans imagination gesticuler face à un monstre dans la neige on serait presque tenté de comparer cette version au monstrueux Alien VS Predator, film tout aussi mauvais et salopant tout autant une, ou plutôt deux, licences à succès. S'ajoute à cela la pire illustration de femme forte que l'on ait pu voir, tentant de singer Ripley, mais retombant aussi bas que celle du précédemment cité AvP.
Autre « clin d'oeil » que l'on n'aurait pas aimé avoir ici, le bruit du sonar qui est identique à celui de Sunshine (enregistrement 754/B); tant qu'à pomper d'autres films, autant y aller à fond...
Pour conclure, si vous avez 12 ans et que vous n'avez jamais vu l'œuvre de 51 ni le remake de Carpenter, cette production vous comblera tant son aspect CGI pimpo-vomitif dénué de toute tension illustre à merveille le bas fond qu'Hollywood a réussi à atteindre. Pour les autres, oubliez le après l'avoir vu, si vous le pouvez, et faites comme s'il n'avait jamais existé (auquel cas vous risquerez de faire des cauchemars où les exécutifs d'Universal y sodomiseront Carpenter, Nyby étant heureusement mort — ainsi qu'Howard Hawks, co-réalisateur de The Thing, absent du générique).
Mention spéciale pour le final complètement foiré censé faire la jonction avec celui de Carpenter. Il voulait certainement atteindre les fans du maître, mais s'il le fait, c'est avec un dégoût prononcé, tant la production n'a même pas été foutue de vêtir les acteurs comme ils l'étaient à l'époque. Beurk.
SlashersHouse
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le 2 janv. 2012

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