La mise en place n'est qu'une variation polaire d'Alien. Isolée aux confins du pôle, une communauté très barbue assiste à un évènement inexplicable à base de norvégiens (vous avez déjà entendu du norvégien ? Inexplicable je vous dis). "Ils ne le savent pas encore" mais un étranger s'infiltre parmi eux. L'inexplicable deviendra surnaturel, indicible et enfin apocalypse.

Le rite du film d'épouvante est respecté : isolement, menace cachée et sidekicks consommables.

Très rapidement Carpenter diffère de Scott et choisit de montrer sa créature polymorphe sous toutes les coutures, dans toutes ses variations les plus abjectes. Lovecraft rôde tout près de cette monstruosité non-euclidienne carrément barrée. Malgré leur trentaine de bougies, les effet spéciaux sont une franche réussite. Face à tant d'horreur illustrée, la menace n'est plus cachée dans le noir, elle est cachée dans l'autre. La tension nerveuse est décuplée par la paranoïa, l'esprit d'équipe au bord du gouffre.

Feux de joie horrifiques et attentes paranoïaques, où toute notion du temps s'estompe, jouent avec les nerfs du spectateur.

La sensation d'isolement, d'attente face à une menace cachée tient beaucoup des décors. L'immensité glacée de l'incipit laisse rapidement sa place à l'univers limité et fonctionnel d'une base de recherche. Ces deux mondes sont tout aussi froids et inhumains. La palme revient à la station norvégienne ravagée qui est un avertissement saisissant. La présence humaine dans ces glaces est artificielle et fragile.

La bande son est extrêmement discrète. Son travail d'ambiance se résume à deux ou trois notes de basse synthétique pendant les transitions. Efficace mais sans plus. Ennio Morricone a du s'égarer dans le blizzard au début du film et retrouver son chemin qu'au générique final.

Sans avoir l'ampleur d'Alien, le spectacle est excellent. L'exhibition de la chose est un plaisir jouissif à chaque fois renouvelé mais sape d'entrée la tension, le désir de voir le monstre. Le suspense a lui d'autres ressorts et la tension nous prend et suit son crescendo programmé jusqu'au final apocalyptique.


PS : les nombreux parallèles avec Alien indique simplement que ce dernier est un maître-étalon.
Raf
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le 29 déc. 2010

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Raf

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