The Tomorrow War
5.2
The Tomorrow War

Film de Chris McKay (2021)

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Quand le futur regardera The Tomorrow War, il pourra faire le point sur ce que les scénaristes considéraient comme l’essence du film pop-corn en 2021.


Ils constateront :


-que la famille et la patrie étaient toujours les valeurs fondamental(ist)es, et qu’un papa démissionnaire a beau transmettre à la génération suivante sa lâcheté de mâle alpha, une apocalypse pourra toujours lui permettre une seconde chance, (I’m not a hero, I juste try to save my daughter) et finir par rentrer la poubelle avant de galocher bobonne sur le parvis.


-que le recyclage, si on s’en contrefoutait avec la poubelle en question, on n’oubliait pas pour autant de le pratiquer dans l’industrie du divertissement. Starship Troopers, Aliens, Prometheus, Terminator, Edge of Tomorrow sont ainsi triés, nettoyés, javélisés et édulcoré pour un divertissement familial qui prendra bien soin d’éviter toute goutte de sang ou démembrement à l’écran.


-que les militaires étaient toujours aussi bornés à vouloir bombarder le terrain des opérations où le gentil voulait juste sauver d’autres gentils, ou ne pas l’écouter quand il avait trouvé la solution pour sauver le monde.


-que la démocratie, c’était une valeur à maintenir, et qu’on peut recruter dans un grand élan universel des obèses et des femmes qui, ravis d’avoir été secourus par le héros alors qu’ils étaient des poids morts, lui montreront sa reconnaissance en se sacrifiant pour lui. Et que ceux qui meurent le font toujours avec joie, parce qu’ils sont condamnés par un cancer, et qu’ils pourront hurler dans une explosion cathartique des phrases qu’on devrait mettre sur le papier toilette des Ehpad : « If I’m gonna die, I’m gonna die my way ! ».


-que les éclairs de Ghostbusters étaient encore à la page 40 ans après leur apparition pour vendre de la science, et que les missions consistaient à chercher des disques durs et des fioles dans des endroits reclus, ce qu’on pourrait davantage assimiler à un voyage dans le passé.


-que pour faire durer le film 2h20, la méthode consistait à faire dire à une jeune femme « I’ll tell you when you need to know », ou « No need to talk about it before we’re sure »


-que les scénaristes avaient développé un écran méta pour ne pas trop assumer la dimension Z de leur navet : l’ironie. Avec ça, un vulcanologue vous explique en 90 secondes ce que le futur n’a pas pris soin d’interroger, et on déboule en Russie undercover pour tronçonner de l’alien à la disqueuse sans aucun complexe.


-que la CGI n’avait finalement pas trop progressé en 30 ans, ni les obsessions phalliques et vulvaires des concepteurs de monstres, et qu’on avait une franche tendance à confondre laideur et effroi.


Dans le futur, ils constateront aussi qu’en 2021, les américains avaient bien envie de parler du réchauffement climatique, mais qu’apparemment, c’était interdit. Alors ils mettaient des écrans en arrière-plan d’un cours de lycée, et liaient l’avènement des aliens à la fonte des glaces. Mais en Russie, histoire de bien délocaliser les enjeux et les responsabilités. De toute façon, en 2021, on expliquait que l’ONU ne pouvait pas régler les problèmes du monde, et que seule l’initiative héroïque, individuelle et paternaliste d’un vrai héros pouvait faire la différence. Et que la seule collectivité qu’on pouvait tolérer, c’était celle du public dans son canapé devant Amazon. En 2021, ils étaient sacrément visionnaires.

Sergent_Pepper
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le 3 juil. 2021

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