"Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver."

Une citation de Marcel Proust qui résume assez bien le récit de fond du nouveau film tant attendu de Terrence Malick. En réalité, beaucoup de pensées philosophiques peuvent correspondre à ce long-métrage, car parler de la vie, de l'existence, de la condition humaine sous fond de narration religieuse est une démarche très spirituelle.

Mais à vrai dire, et ce n'est guère étonnant quand on a approché l'oeuvre "minimaliste" du réalisateur, ce film privilégie la narration par l'image, plutôt que par le dialogue. Et c'est avec ce parti pris que Sir Terrence nous livre son plus bel atout : une succession de plans, de cadrages, de compositions visuelles, lumineuses et colorées dignes de tableaux des plus grands peintres !
Chaque plan est une performance. Rien n'est laissé au hasard. Les mouvements caméra sont fluides, les travellings impeccables, rien ne tremble, ni déborde...De la perfection à l'état pur.
Et que dire de cette bande sonore planante, reposante, s'accordant à merveille à l'image....

Côté récit, mon sentiment est plus mitigé. Après une première partie hallucinatoire, où se mélange dinosaures, galaxies et méduses entrecoupés par des simulacres de fumée, on se demande s'il ne s'agit pas d'un "Enter the Void" version Ushuaia.
Mais la seconde partie gagne un peu plus en crédibilité en ancrant d'avantage les personnages dans le cadre et nous permettant de profiter de la composition scénique parfaite de l'ensemble des acteurs. Les trois jeunes frères crèvent l'écran par leur naturel et leur fragilité saisissante, tandis que Sir Brad nous comble encore une fois, dans son rôle de père autoritaire et frustré de la vie. Seul Sean Penn reste muet et dans l'ombre à cause de quelques apparitions minutées tout au long du film.

"The Tree of Life" est donc un film de genre, une sorte d'essai cinématographique, une réflexion sur l'homme et son devenir qui peut sembler un brin prétentieuse. Le rythme est lent, mais justifié plus que jamais par le choix esthétique et cognitif du réalisateur.
Un très beau film en somme, qui devrait combler d'émerveillement les adeptes du cinéma conceptuel de Terrence Malick.
Théo-C
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le 17 mai 2011

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Théo-C

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