[presque pas de spoilers dans cette critique]

Je vais commencer par expliquer ma note, car comme bon nombre de gens l'ont dit, on ne peut pas noter quelque chose d'aussi inclassable et indescriptible que ce film. Pourquoi 8. Parce que je ne suis pas rentré tout de suite dans le film. Je baillais. Je bougeais dans mon siège. C'était joli, les images de montagnes, de planètes, mais j'ai trouvé ça vide, sans émotion. Et puis... ET PUIS. Soudain, tout est devenu magnifique. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé dans ma tête, je ne sais pas, mais putain, qu'est-ce que c'était beau. Ça y est, j'étais rentré dans le film. En plein dedans, d'un coup, et là je bougeais plus du tout. D'ailleurs, quand les images de lave/soleil rouges sont revenues pendant 10 secondes à la fin du film, j'ai trouvé ça sublime, alors qu'au début rien. Pareil pour les chuchotements de mots pratiquement aléatoires, ajouté à la façon dont Terrence Malick filme, ça surprend. Et puis finalement c'est aussi magnifique que le reste. Je ne peux donc pas mettre plus que 8, sinon ce serait oublier l'ennui du début du film, que la partie en transe n'a malheureusement pas compensé. Mais je dois avouer que le film est passé sans que je m'en aperçoive, c'est plutôt bon signe. (début du film = la première demi-heure, voire un peu plus)

------------ Edition de la critique suite au changement de la note ------------
Il est de ces films qui vous restent dans l'esprit. The Tree of Life en fait énormément partie. Bien sûr, avoir une amie qui vous rabâche jour après jour que le film est génial, trop bien, magnifique, ça n'aide pas à avoir un avis objectif. Manipulable, que je suis. Mais même avec Claire-Marie autour de soi, The Tree of Life arrive tout de même à trainer là, dans un coin... Les plans silencieux, les mots chuchotés, quelque chose m'empêche de garder mon 8. Et puis il faut que je le revoie, avec Claire-Marie, un jour d'hiver auprès de la cheminée avec un bon lait chaud.
------------ Edition de la critique suite au changement de la note ------------

Pour information, quand on fait un film sur une famille catholique pratiquante, on ne veut pas forcément rentrer dans votre tête pour faire de la propagande. Terrence Malick est sûrement croyant mais il nous propose simplement la vision du décès d'un proche par des personnes qui croient en Dieu. Et puis c'est filmé avec tellement de légèreté, de lumière, de grâce. Vous ne pouvez pas trouver ça agressif, c'est impossible.

La musique ne m'a pas du tout gêné. Même si je n'étais pas encore en transe pendant l'odyssée de la vie, j'ai trouvé la musique très bien choisie et sublime. Le seul reproche que je peux faire, c'est pour la dernière scène. On aurait pu faire un meilleur choix de BO. Alors oui, religieux, oui, classique. Vous êtes prévenus. Mais de nos jours, y a des violons jusque dans Transformers.

Finalement, en l'ayant revu il y a quelques jours, je peux vous avouer que je garde mon 9. Je ne sais pas si c'est parce que je suis plus mature, plus cultivé, ou simplement plus attentif mais je me suis beaucoup moins ennuyé et je suis rentré dans le film tout de suite. Je peux vous dire deux choses à la suite de ce deuxième visionnage : le montage est fou et je crois avoir compris certaines choses. Le montage est fou parce que des successions d'images de 2 secondes à la fois métaphoriques et réelles, le tout survolé par des chuchotements d'enfants, c'est un peu beaucoup méga génial de la vie. Quant à la compréhension du film... disons que si je discute avec mon cerveau, on sera sûrement du même avis, mais si je discute avec vous, vous me prendrez pour un fou. Je me sens trop fier d'avoir mis une explication sur les longs plans du ciel, et ceux des escaliers un peu partout dans le film. Mais je préfère garder cette explication pour moi.
J'ai aussi vu grâce à ce deuxième visionnage que Malick montre toute la complexité de l'amour et de la haine entre les membres de la famille, et c'est beau. Le fils déteste son père mais il lui fait un câlin alors qu'il est en train de lui dire qu'il a mal tondu la pelouse. Magnifique. (ah mais oui, je sais, je suis le seul à trouver cette scène superbe, mais je le dis quand même.)

Les gens de la salle de cinéma ont de la chance, ils vont avoir droit à un paragraphe entier pour que j'y déverse toute ma rage. Vas-y, tu peux arriver 10 minutes après le début du film, te mettre devant et faire du bruit si tu veux. Et puis toi là, t'as qu'à bouffer encore plus de Tagada. Ah oui, décrocher son téléphone portable au cinéma, c'est pas super, ça gêne un peu les autres personnes autour. Et puis vous deux. Les connasses de derrière. Un commentaire de plus et je vous étranglais.
"C'est émouvaaaaant heeeeein"
"Ohlala c'est compliqué !"
"Oh mais ça va pas recommenceeeeeeeer"
"Pfffffffoooooouuuuuuuu"

A la sortie du film, il faisait nuit. J'ai vu un lampadaire avec des insectes qui bougeaient dans la lumière de ce lampadaire. Ils faisaient des petites étincelles lumineuses devant l'obscurité du ciel. J'ai regardé ce lampadaire. J'ai regardé ces insectes. J'ai trouvé ça beau. Je me suis trouvé con.

Ah oui, les dinosaures. Comme ça je l'ai dit aussi.
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