L'idée de base est fort louable, les images et les musiques choisies avec soin...Mais le film accumule les lenteurs et les maladresses, à tel point qu'au bout de 10 minutes, les spectateurs commençaient à quitter la salle (du jamais vu)...

Oui, ce film est difficilement abordable. Certains pourront crier au génie, et mettre ce point en avant pour expliquer le rejet d'une grande partie de l'audience ("ils ne comprennent pas"). Certes. Mais le génie, le vrai, cela aurait peut être de digérer davantage le message pour pouvoir expliquer de manière claire, ludique et divertissante le propos de l'auteur (après tout, c'est aussi cela, le cinéma).

Le projet reste ambitieux, d'autant plus que le message peut être lu à plusieurs niveaux, et est traité avec sensibilité et esthétisme...Malgré ses défauts, il reste donc à voir (mais la palme d'or, je ne comprend pas!?!)

Il s'agit tout d'abord d'une allégorie de la lutte entre la "grâce" (disons plutôt l'amour, le pardon, la spiritualité, représentée par la mère et le petit frère défunt) et la "nature" (disons plutôt le matérialisme, la raison, l'ordre, représentée par le père et progressivement le fils aîné). Le film montre comment ces deux éléments coexistent, s'affrontent au sein de la famille et dans le cœur du personnage principal, avant que la grâce l'emporte finalement, l'ordre et matérialisme excessif montrant leurs limites...

Le film est également excessivement religieux (ce qui touchera peut être les Américains puritains, mais énervera par son manque de laïcité beaucoup de Français), et retrace l'histoire de la bible. Le dieu de l'ancien testament (le père) est initialement tyrannique, et demande à être obéi de manière aveugle par ses tribus (ses fils) pour être satisfait. Faute de quoi, il punit. Finalement, les hommes se tournent vers un nouveau Dieu qui n'est plus qu'amour (la mère porteuse de grâce). Le film se termine ainsi par le jugement dernier où la famille se retrouve, pure, et s'abandonne au pardon...
L'allusion à Job (en introduction et lors du prêche à l'église soulignent ce message): Dieu peut reprendre sans raison les biens matériels, car seule importe la foi et la grâce.

Et le big bang et les dinosaures, dans tout cela? Eh bien, il s'agit apparemment d'une introduction longue et laborieuse de la notion de microcosme et macrocosme. Chaque homme est un univers à part entière. La naissance de chaque être est donc une reproduction de la création de notre monde. Le sujet du film est le personnage du fils aîné, Sean Penn en devenir. Au moment de sa conception, le big bang a lieu. Le Foetus monde grandit progressivement (le dinosaure en est un stade parmi d'autres), puis les dinosaures disparaissent (la météorite s'écrase sur terre), et l'homme peut apparaître (naissance de Sean Penn)... On suit ensuite le parcours de cet homme/univers, ses doutes et ses questionnements, jusqu'à sa rédemption et sa mort (crépuscule de cet univers qui meurt pour mieux renaître).

A part ça, on pourra également remarquer un conflit entre la beauté du monde et notre matérialisme aveuglé, ou un questionnement sur l'attrait du mal et la nécessité de faire le bien, entres autres...


magikpatate
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le 24 mai 2011

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