Il est difficile d'entrer en relation avec une métaphysique lorsque l'allégorique prend le pas. C'est peut-être l'une des seules faiblesses de ce film et c'était sans doute impossible d'y échapper. Sans doute le sens d'une représentation allégorique a par nature déjà été digérée. Elle cherche à fixer notre regard et moins notre capacité à raisonner. Le film ancre l'attention sur la manière, sur la forme, sur le travail de l'image. Une métaphysique, elle, a besoin de mots.
Des films comme Stalker ou 2001 ont un potentiel métaphysique flagrant, par ce biais, ils contiennent leurs propres allégories. Ils fabriquent un discours et mettent en image des abstractions. The Tree of Life est plutôt une forme de citation allégorique. Ce n'est pas le concept qui est représenté, c'est l'allégorie elle-même. Il s'agit de nous montrer ce que l'on a déjà vu mais d'une manière plus saisissante. Très bien, cependant il ne reste plus que l'image à penser. L'apparition d'une Terre ou d'un poisson n'est pas perçu de la même manière dans ce contexte.
Ainsi, TM fait plus de bien au cinéma qu'au fond de son message. Il offre au 7e art un enterrement. Et cela jusqu'à un moment subtil où, sans jamais sacrifier l'équilibre, ce qui pouvait apparaître comme des points d'orgue ne soient reléguer en point de creux. Il est clair que nous avons "à faire" avec du grand cinéma. Toutefois ce qui pouvait paraître comme une fresque humaine, n'est pas plus qu'un hommage à ce qui le rend possible : l'image, l'icône. Si bien qu'on pourrait objecter également que la façon dont monsieur M nous filme la vie, loin d'être une démonstration critique, est construit autour d'une logique picturale et que rien n'est à saisir. L'image. Ce qu'elle transmet, ce qu'elle évoque, la part sensible d'elle même. Entièrement tissée par nos affects. Car la vrai raison de cette impossible pensée sur le film est sans doute à trouver à ce niveau : l'histoire d'une renaissance par l'abandon de nos affects dans une forme d'acme mystique. Et c'est peut être cela qui rend perplexe. Le dispositif se concentre sur des clichés de vie, sans aucune intervention d'un métalangage. L'impossible métaphysique laisse la place à la transcendance. L'infini laisse la place à Dieu.
Malgré cela, le cinéma de TM est une empreinte et un sort.
Un grand film funéraire.