Big Brother is watching you.
Ce film, sorti en 1998, arriva quelques petites années avant le premier loft story français, une télé-réalité pour ados décérébrés avides d'imaginaire où des personnes acceptent de se retirer toute vie privée, toute intimité pour jouer une vie sous l'oeil de caméras et de milliers de téléspectateurs. Avec The Truman Show, véritable télé-réalité grande échelle, Peter Weir et Andrew Niccol ont vu loi, très loin. Allant jusqu'à remettre en cause le sens de la liberté.
Truman est le héros d'une télé-réalité portant son nom, mais il n'en a point conscience. 30 ans qu'il est prisonnier dans ce monde artificiel qui tourne, fonctionne selon lui. Depuis sa naissance, il est surveillé 24/7, lui retirant toute intimité où le monde "réel" le surveille. Peter Weir maîtrise son sujet, et réussi à instaurer un monde factice, mettant le spectateur mal à l'aise, vivant que par des acteurs et des figurants ne manquant pas au passage d'exercer des placements de produits. Truman ne décide pas ce qu'il fait. En cas d'un dérapage, tout est recalibré par l'intervention d'un acteur censé redresser la situation. Cela ressemble énormément à 1984 et son fameux "Big Brother is watching you", dans lequel nous sommes tous des Big Brothers envers Truman au final.
Mais à chaque visionnage, il y a une idée qui me dérange. En effet, Peter Weir met en évidence la perversion, le voyeurisme de l'espèce humaine. Les téléspectateurs prennent un réel plaisir à observer minutieusement la vie de Truman, prisonnier de leurs regards et des caméras, qui devient même le prétexte d'une certaine addiction. Au point que des produits dérivés apparaissent à son sujet. Truman n'est plus un être humaine mais un véritable produit marketing, un symbole profondément aimé par ses milliards de téléspectateurs.
Au final, Truman n'est qu'un pantin, un jouet contrôlé par Christoph, le créateur de l'émission. Un nom faisant directement référence au Christ, lui donnant une position suprême voire divine. Christoph le contrôle comme il le désire, allant jusqu'à tenter de le tuer à la fin. Le contrôle, la domination peut rendre cruel. On se permet de tout essayer et on y prend un malin plaisir.
Et quel fin ! Véritable hymne à la liberté et à la vérité ! Ces escaliers, à la fin, qui symbolisent l'ascension de Truman, le tirant vers le haut, préférant affronter la réalité et vivre d'un bonheur réel. Le monde de Truman est parfait, il tourne autours de lui. Quoi de mieux ? Pourtant, Truman souhaite briser ce mur qui le sépare de la réalité. Chez Truman, on sent cette volonté de vivre dans un vrai bonheur plutôt que dans un bonheur illusoire.
Christoph l'empêche de partir, en utilisant le prétexte de la peur, qui est l'obstacle de notre vie, nous empêchant d'avancer. Mais Truman possède un des moteurs essentiels pour aller de l'avant et rencontrer le bonheur: l'amour. Son amour pour Sylvia le pousse à partir.
Véritable perle cinématographique, The Truman Show est à mes yeux un film sans précédent, audacieux, sincère, inventif, original, intelligent, troublant et cruel, Peter Weir par sa maîtrise et Jim Carrey par son interprétation parviennent avec ce film à faire une hyperbole de notre société actuelle, mais également l'idée d'un futur proche.
Mais avec réflexion, qui nous dit que nous ne sommes pas tous des Truman Show ?