Lent, tragique, désabusé, déconcertant, tels sont les mots qui pourraient résumer l'histoire de Leland. Bien loin d'ennuyer, visionner un tel film revient à se prendre une claque et à se questionner soi-même sur la réalité et le sens de la vie. Le "pourquoi" est présent tout au long du récit : Pourquoi agir ainsi, pourquoi le mal, pourquoi est-ce arrivé? Faut-il trouver une explication à tout acte? Qu'est ce que le bien, le mal? La tristesse de Leland nous émeut, on prend pitié de jeune garçon fragile et déboussolé, insensible en apparence mais dont les propos sont pourtant si justes et si réfléchis, au contraire de son acte. Son acte, il n'est finalement pas si irréfléchis, car la réponse nous est donné au final, doucement, aussi doucement que Leland est apparu à l'écran puis en est sorti,
il voulait faire disparaitre toute cette tristesse présente autour de lui. "Il y a deux façons de voir le monde : ou on voit la tristesse partout. Ou on décide de ne pas la voir".
"Je ne suis qu'un homme", telle est la phrase employée par l'éducateur de Leland, pour s'excuser. Ce récit pose également la question de la responsabilité de chacun et de ce qui fait réellement un être humain.
La performance de Ryan Gosling est impressionnante en ce qu'il donne au film toute sa dimension tragique. Il contribue sa réussite en faisant du spectateur un véritable acteur de l'histoire qui se joue sous ses yeux. Leland apparait alors d'autant plus bouleversant que son acte parait en parfaite contradiction avec l'attitude adoptée et le détachement dont il fait preuve. Bravo Monsieur Gosling, ce rôle était de loin le plus évident.
J'irai presque jusqu'à dire que le simple spectateur parait alors plus inhumain que Leland, non pas que son acte soit défendable, mais sa sensibilité au monde et à ses émotions nous fait paraître des extraterrestres, nous qui trop souvent acceptons de nous voiler la face et de ne pas voir la vie et ses réflexions. Il y a tout de même de l'espoir dans ce récit, et j'ai apprécié que le spectateur ne reste pas sur une note noire et dramatique : "Il est bon de savoir que la vie vaut mieux que tous ces malheurs".
Cette histoire est profonde et dérangeante et l'interrogation soulevée très intéressante. J'ai apprécié le sujet. Je respecterai le fait que certains ne désirent l'entendre que dans son contexte, c'est en effet tellement plus juste et frappant et je terminerai donc par cette citation "cachée" qui me tient particulièrement à coeur, qui résume tout le film et toute la vision que tout un chacun peut se faire sur la vie.
"Le plus dur c’est de savoir qu’il y a de la bonté chez les gens. La plupart du temps elle reste enfermée en eux. C’est peut être parce que l’on a peur du malheur que l’on a un Dieu, ou alors parce que l’on a peur du bonheur. Parce que, s’il n’y a pas de Dieu, ça veut dire que c’est en nous, et que l’on pourrait faire le bien tout le temps si on voulait. Donc quand on fait le mal c’est que l’on veut faire le mal, ou que l’on est obligé, ou peut-être que l’on a simplement besoin du mal pour nous rappeler ce qu’est le bien après tout".