Deux enfants vont rencontrer leurs grand-parents pour la première fois et habiter chez eux pendant une semaine. Ils en profiteront pour tourner un documentaire sur un épisode pénible de leur vie familiale. Mais cette visite se montrera plus inquiétante que prévue.
M. Night Shyamalan est un réalisateur qui souffle le chaud et le froid, beaucoup de gens ont adoré Sixième sens mais il a perdu sa popularité avec ses productions plus récentes. N'ayant pas vu grand chose du bonhomme, je ne saurais dire comment The Visit s'insère dans sa filmographie. Mais je peux dire que c'est un film hautement sympathique.
Si vous ne cherchez que de l'épouvante, vous risquez de vous ennuyer devant le film. Il contient une belle part de mystère, d'inquiétude et quelques moments qui nous font retenir notre souffle, ce sont des passages plutôt réussis. Mais ils sont assez dispersés et ne constituent pas l'essentiel du film. C'est d'abord un drame sur des enfants qui font le point sur leur situation familiale et qui tentent de raccorder les ponts entre leur mère et leurs grand-parents. C'est aussi un film sur le rapport délicat entre des enfants et des personnes âgées. J'ai trouvé ces échanges touchants grâce à de très bons acteurs, en particulier les enfants qui sont servis par une écriture bien sentie et par beaucoup d'humour. On suit leur quotidien sans effort, les garnements trouvant toujours un moyen pour s'occuper sans que l'on ne s'éloigne trop du fil rouge. Finement joué.
Le documentaire à tourner est un prétexte utilisé pour justifier le recours au found-footage, et j'ai trouvé cette façon de réaliser bien exploitée. Le found-footage n'est pas ici une excuse pour avoir des images moches, c'est très propre et très bien cadré sans que l'on ne perde l'impression que la caméra est bien tenue par les personnages. Elle est parfois utilisée de manière très surprenante et offre de très bonnes scènes que l'on n'aurait jamais obtenues autrement. Franchement, la réalisation est une réussite alors qu'avec cette contrainte du found-footage, ce n'était pas gagné d'avoir une telle maîtrise sur les plans.
Les moments de suspense tirent leur force de leur sobriété et du manque d'informations. Pas de musique, des bruitages difficiles à identifier, une ambiguïté anxiogène des personnages. The Visit regorge de petits détails qui contribuent à l'ambiance. Il réussit également à mêler la peur à l'humour d'une main de maître, l'un causant occasionnellement l'autre sans que ces ingrédients ne s'annulent mutuellement. La scène finale est un modèle du genre, bien que je trouve qu'elle finisse par s'essouffler un peu.
Un point du film qui pourra faire débat est la propension de M. Night Shyamalan à expliquer un peu trop ses effets. Je ne donnerai pas d'exemple, mais il semble souhaiter qu'on ne se méprenne pas sur ses intentions. Cela peut faire rire, ça a marché sur moi à plusieurs reprises, mais il y a des moments où je trouvais ça un peu trop surligné. Peut-être que c'est un mal nécessaire quand on a récolté sa réputation. Cela ne m'a cependant pas empêché d'apprécier cette semaine de visite. Je ne parlerai pas de chef-d’œuvre mais c'était un bon moment. Très honnête.