Après un festival de Fantastic Arts 2015 plus qualitatif que les années précédentes mais très partagé par ce que j'identifie comme l'absence de grand film, j'avais du faire un choix cornélien et me priver de "The Voices".
Au final, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car à l'évidence ce film se hisse au dessus du lot plus par son originalité que pour la qualité de son contenu, même s'il reste globalement plaisant à regarder. Il me rappelle la sélection des courts-métrages de 2014, toujours à Fantastic arts, où "The Voice Keeper" (décidément, ces voix...) avait remporté le prix du Jury, grâce à une direction artistique Baroque et assumée à fond, et face à une pléthore de démos techniques plus ou moins insipides.
Dans les faits, j'ai vraiment eu un mal de chien à juger ce film, même hors du contexte des festivals: après quelques jours passés à marmonner dans mon coin, je suis toujours incapable de trancher et je lui attribue donc la note de non-choix par excellence "5".
Pourtant le film part d'une bonne idée, un peu patinée par ses prédécesseurs, certes, de schizophrène sympathico-terrifiant, mais ne l'assume jamais à fond.
Les scènes de brutalités sont par exemple filmées à la fois avec retrait et au compte-goutte, comme si la réalisatrice répugnait à le faire, au lieu d'aller d'aller chercher l'exagération extrémiste qu'on attendait et assumer le délire. (Un peu comme dans Discopathe)
Car le personnage principal est haut en couleur et campé avec juste ce qu'il faut de cynisme pour en faire un gros potentiel, tout comme les les personnages secondaires. Parfaits side-kicks et propres également à tous les dérapages, on jubile en sentant arriver enfin LA grosse marrade, mais là encore ça n'arrive jamais car le scénario ne trouve pas sa voie.
Il oscille constamment entre les genres et perd du coup presque toute saveur, mélangeant les changements de rythmes intempestifs ou incapable de trancher entre comédie et nanard en puissance (mais assumé j'entend). Il est également un peu trop bordélique, avec de grosses ellipses narratives ou d'improbables légèretés d'autant plus visibles que les parties thriller sont surlignées en vert fluo. C'est un peu comme si plusieurs scénaristes s'étaient taillés le bout de gras sans réussir à relier les différentes parties du film, et sans que ce soit navrant, ça fait quand même tiquer.
Dommage, car on avait vraiment de gros points positifs, notamment les dialogues truculents et salaces de Mr Whesker, la première course poursuite dans les bois avec Fiona et la mise à mort du cerf, le déballage sentimental devant la maison familiale ou encore la scène du dialogue avec le poisson rouge, qui frôlent la perfection.
Au final je garde donc un avis très mitigé sur "The Voices", incapable à mon avis de trouver sa voie et de l'assumer, mais surtout garant d'une certaine déception dans la mesure où il est très loin d'être la claque à laquelle je m'attendais.