The voices, une comédie où un simple d'esprit entend son chien et son chat parler et tue des femmes ? Oh oui, c'est pour moi, un pitch pareil ! J'ai été assez surpris par le casting, comprenant Ryan Reynolds, Gemma Aterton et Anna Kendrick, mais surpris avant tout par la réalisatrice : Marjane Satrapi, qui avait fait Persépolis. Je ne l'imaginais pas du tout tenir les rênes d'un délire comme celui-là.
The voices se déroule à Milton, une petite ville dont les habitants sont des gens simples. Parmi eux, Jerry, salarié d'une modeste entreprise de plomberie, dont tous les employés sont vêtus d'uniformes roses.
A Milton, tout n'est que couleurs flashy et niaiserie exagérée. Niaiserie assénée, même, qui sert on ne peut plus clairement à contraster avec l'histoire des meurtres en série. Les acteurs surjouent, ils sourient en permanence, font preuve d'une candeur poussive d'autant plus agaçante que les ficelles employées par Satrapi pour faire un film "décalé" sont trop grosses.
J'ai bien aimé l'idée, arrivant beaucoup plus tard, que toute cette niaiserie provient des hallucinations de Jerry qui, lorsqu'il prend ses pilules, voit comme le monde réel est morne, mais ça n'excuse pas tout.
Le même problème se pose pour les gags en général (le montage alterné entre le karaoke et les spectacles au resto asiatique), ils manquent terriblement de subtilité.
Et le chat, Mr Moustache, qui insulte le héros, c'est marrant au début, mais c'est pareil, c'est facile et poussif. Satrapi et son scénariste se contentent de faire débiter des vulgarités à un chat, et ça ne va pas plus loin que ça ; ils n'ont même pas cherché à lui faire sortir des répliques un peu percutantes, un peu réfléchies.
Et une fois acceptée l'incongruité de cette idée du chat et du chien qui parlent, il n'y a rien de bien fou.
D’ailleurs, en fin de compte, il ne se passe pas grand-chose, sur les 1h40 de film. Jerry tue quelqu’un, et puis quelqu’un d’autre… Il n’y a pas de rebondissements inattendus.
En temps normal, ça me fait plaisir de voir/entendre le dégoût des autres spectateurs face à une scène. Avec The voices, que les gens rient ou poussent des râles de dégoût lorsque Jerry découpe un cadavre hors-champ, dans les deux cas, je ne comprenais pas, et ça m’a plutôt agacé. Et je crois que dans les deux cas, ces réactions s’expliquent par le fait que le nom de Satrapi a attiré un public large en salle, pas forcément habitué aux comédies noires ou autres films un peu trashs. D’où ce dégoût qui n’a pas lieu d’être, et ce rire facilement provoqué.
J’ai fini par carrément m’ennuyer. Les rares moments qui se veulent tragiques sont gênants, les dialogues entre Jerry et ses autres personnalités tournent à vide (on passe trois plombes à montrer le personnage se rendre compte que depuis le début, il se parle à lui-même, comme si on ne s’en doutait pas). Bon, au moins les trucages des "alter egos" de Jerry, Bosco le chien et Mr Moustache le chat, sont assez bien foutus.
Les seules réflexions intéressantes sont à la toute fin, quand la psy parle de ces "voix" que chacun entend…
Avec son ton léger, je pensais que The voices était bien parti pour se finir par un happy end, malgré le thème. Je pensais que c’était le film adéquat pour que les choses se terminent bien pour le tueur aux troubles psychologiques, ses meurtres étant traités avec dérision.
C’est un regret que j’avais eu avec Maniac, autre film où le tueur était présenté comme un victime de sa propre condition : ça se finissait mal pour lui. Mais pour Maniac, c’était normal, c’était un film sérieux et grave dans lequel je ne pouvais imaginer une fin positive. L’inverse de The voices donc, où malheureusement, le héros se retrouve également "puni" pour ses crimes.
Ca aurait été bien plus audacieux, original, et fun en un sens, de finir de façon positive (imaginons que la bien-aimée du héros ait été aussi dérangée que lui), et ça aurait été dans l’esprit du film qui, depuis le départ, retire toute gravité des actes criminels de Jerry, embellissant même ce qui devrait être macabre (le cadavre dans l’herbe, qui m’a évoqué La belle au bois dormant).
Mais non, la fin est sombre et terre-à-terre… et comme pour se rattraper, Satrapi conclut avec ce générique chanté grotesque, des plus navrants…
J'ai été très déçu par The voices. Le film aurait gagné à être plus subtil, et à creuser davantage ses idées un peu décalées.