On le sait à peu près tous, Ryan Reynolds souffre d’une réputation d’acteur « maudit » qui lui colle à la peau. Toutes les grosses productions dans lesquelles il a été impliquées ont souffert d’un échec cuisant, tant au box-office que dans la critique. Il suffit simplement de citer Blade : Trinity (2004), X-Men Origins : Wolverine (2009), Green Lantern (2011) ou encore R.I.P.D : Brigade Fantôme (2013) pour comprendre l’utilisation du terme « malédiction ». Pourtant, Ryan Reynolds n’est certainement pas un mauvais acteur, et il faut savoir regarder un peu en marge de films moins connus pour le constater aisément. C’est le cas de Buried (2010), ainsi que de The Voices, dont il est ici l’objet.


Simple d’esprit, empreint de bonhomie, le personnage incarné par Ryan Reynolds n’inspire que la sympathie, voire la pitié. Seul dans son petit logement triste, ses deux seuls compagnons sont son chien et son chat. Des animaux doués de parole qui lui dictent ses actes, l’un disant toujours le contraire de l’autre. Rapidement, le spectateur comprend qu’il n’a pas à faire à une simple comédie potache s’apparentant à un cartoon « live », mais bien à un film faisant de la schizophrénie son sujet principal. Le chien et le chat, étant en réalité bien muets, incarnent sa « bonne » et sa « mauvaise » conscience.


Le film joue sur les apparences pour donner du poids à son discours : vêtements colorés, petit appartement cosy, sourire permanent, l’ambiance du film fait tout pour mettre à l’aise le spectateur dans le but de provoquer chez lui un malaise irrémédiable lorsque la tragique vérité fait son apparition. Le sympathique bonhomme campé par Ryan Reynolds s’avère être un tueur malgré lui, victime du mal qui l’habite, des thérapies absurdes qui lui sont administrées, des médicaments qui lui sont prescrits, et du rejet permanent de la société envers lui.


Imbibé d’un humour malsain, The Voices est un véritable paradoxe à lui tout seul. Innocent et sanglant, drôle et inquiétant, absurde et profond, les adjectifs contraires ne manquent pas à ce film qu’il est difficile de ranger dans une catégorie unique. Sorti sans faire de bruit dans les salles de cinéma françaises, The Voices m’a rapidement attiré pour son apparente absurdité et le choix de Ryan Reynolds dans le rôle principal. Celui-ci a fait mouche et m’a donné une très bonne impression.


Définitivement déconseillé aux âmes sensibles, il s’adresse davantage aux curieux à la recherche d’un film sortant de l’ordinaire et capable d’offrir une séance digne d’un parcours de montagnes russes. Dans tous les cas, il s’agit d’un film de qualité, où Ryan Reynolds excelle dans son rôle et prouve qu’il vaut mieux que de porter un masque vert.

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le 7 nov. 2016

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JKDZ29

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