En voilà un film singulier. Et encore une fois, une publicité ne rendant pas compte du ce qu'est vraiment l'oeuvre.
En un mot, j'ai été assez surpris par The Voices. Cela tient notamment au ton utilisé tout au long du film, tantôt très noir, tantôt dérangeant, mais avec une touche d'humour très particulière qui ne plaira pas à tout le monde. C'est avec un plaisir limite coupable qu'on se surprendra à rire devant certaines scènes d'une horreur affichée et bien réelle, malgré le filtre que Jerry (incarné par Ryan Reynolds) s'est fabriqué pour cacher la dure réalité de son monde.
Alors oui, il y a un coté gimmick au chat et chien qui parlent, on comprends bien vite la dualité qu'ils représentent dans la tête du protagoniste, mais le fait est que ça fonctionne. Les répliques salées et froides du petit chat roux sont souvent particulièrement savoureuses. Ryan Reynolds quand à lui offre une performance assez crédible (à se demander comment il a pu jouer dans ce bousin qu'est Green Lantern). La folie de Jerry est convaincante, notamment par l'expression candide et presque enfantine que le personnage arbore en permanence.
Mais là où la publicité a été mal faite, à mon sens, c'est qu'elle insistait sur le coté "comédie" du film, de la relation que Jerry entretient avec ses animaux parlants, alors que le propos du film est tout autre. Sa manière de traiter de la folie d'un homme, de sa non capacité à accepter le monde tel qu'il est, est particulièrement bien choisie. Comme le quotidien est trop insupportable, Jerry se réfugie dans un mode enfantin, coloré, où tout est rose (littéralement), où son appartement est bien rangé et propore, où ses animaux (et autres) lui parlent, et où ses actes horribles n'ont pas de conséquences.
En ce sens, le propos se rapprocherait presque d'un Shutter Island: vaut-il mieux accepter la réalité et faire face à ses plus grandes horreurs, ou se réfugier dans sa propre version du réel pour continuer à s'accepter et vivre ?