Avec son nouveau film, la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi, à qui l'on doit "Persepolis", propose la troisième meilleure surprise cinématographique de ce début d'année. Après l'inoubliable "Birdman" d'Inarritu et l'excellente "Réalité" de Dupieux, voici une autre savoureuse façon de traiter des déformations de la réalité.
Ici, on a le droit à un savant mélange entre "Dexter" et "Maniac", à la fois drôle et terrible, fun et dérangeant, pop et malsain, burlesque et gore. Un traitement de la schizophrénie assez inédit au travers du prisme déformé de Jerry, qui parle à son chien (sa bonne conscience) et à son chat (sa mauvaise conscience). Ryan Renolds, qui incarne Jerry, prouve, grâce à sa prestation quasi-parfaite, qu'il peut faire bien plus que ce qu'il a fait jusqu'à présent. L'idée de se placer du point de vue de ce personnage malade, avec sa vision fantasmée de la réalité (couleurs saturées, rose de travail à la place du bleu de travail, etc...) est proprement géniale. Tout est fait pour perturber le spectateur en jouant sur les contrastes. Des contrastes qui vont même jusqu'à faire changer le style du récit, de la comédie au gore en passant par le drame et la romance. La scène de transformation de l'appartement de Jerry donne par exemple une teneur beaucoup plus dramatique au film. La mort sa mère ou celle de Lisa sont aussi particulièrement dérangeantes. Le générique de fin vient achever nous perdre en nous proposant un style de comédie musicale. C'est osé mais c'est efficace. A noter l'étonnante mais judicieuse apparition de Gemma Arterton au casting.
Marjane Satrapi a bien fait de refuser la réalisation du blockbuster "Maléfique" de Disney pour se consacrer à ce petit film au scénario difficile mais bien plus intéressant. Une belle réussite à découvrir, même si elle n'est pas à mettre devant tous les yeux.
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