La réalité est une prison... Quoi, encore ?!
Relancer sa carrière de réalisateur, ça n'est jamais chose aisée, surtout lorsque la critique s'est acharnée sans vergogne sur votre dernier film (Ghost of Mars, qui même s'il était un peu neu-neu, n'était pas un si mauvais actioner que ça). Est-ce que cet essai de come-back va s'avérer probant, ou est-ce qu'il va s'attirer une nouvelle fois les foudres des critiques et spectateurs ?
Enfermée contre son gré dans un hôpital psychiatrique, la jeune Kristen (Amber Heard) découvre progressivement que le lieu est hanté par un esprit démoniaque. Bien décidée à s'évader et sauver toutes les autres jeunes filles qui se font tuer une par une, elle mettra en place divers plans, échouant à chaque fois, sans se douter qu'un secret bien plus lourd lui a été caché.
Voilà 10 ans que l'on attendait le grand retour de John Carpenter, qui depuis Ghost of Mars n'était allé derrière les caméras que pour réaliser deux épisodes de la série Masters of Horror. Si l'on reconnaît la patte du maître, qui réussit à mettre en place une ambiance particulière et un climat pesant, le reste s'avère bien moins élogieux. Une fois n'est pas coutume, une énième version d'Alice aux pays des merveilles nous est servie, avec une demoiselle enfermée dans un hôpital psychiatrique avec d'autres femmes de son âge, poursuivies par un démon vengeur qui les prend une à une, à tel point que l'on a l'impression de regarder une version moins mauvaise de Sucker Punch mixée avec Paranormal Activity.
La faute en revient aux scénaristes, les frangins Rasmussen, qui ont l'air de faire partie de la génération Saw, celle qui consiste à nous servir un suspense plus ou moins alambiqué durant sa première heure avant de partir dans tous les sens dans sa dernière partie, sans oublier évidemment l'inévitable twist final — un peu foireux. Certes ça nous ramène Carpenter dans le cinéma d'épouvante post-2000, mais vu son niveau moyen, nous sommes très loin de celui auquel le maître se maintenait lors de sa grande époque.
Bref, The Ward n'est pas non plus un navet, mais nous sommes très loin du retour tant espéré du maître. Il sauve le bateau du naufrage grâce à sa maîtrise de la mise en scène, nous prouvant qu'il n'est pas mort, mais malheureusement cette production vient malgré tout se noyer dans la marée d'oeuvres du même acabit, que l'on regarde une fois, mais que l'on oublie presque aussi vite. Chose également très importante, le film souffre de la sortie récente de Sucker Punch, qui donne l'impression de voir grosso-modo la même chose, et même si les trames peuvent paraître proches tout en choisissant deux directions différentes, de gros points viennent finalement les lier d'une façon bien plus conséquente qu'on ne pourrait l'imaginer; heureusement Carpenter sait tenir une caméra, et surtout a des notions d'esthétisme, ce qui contribue à faire de The Ward une oeuvre qui lui est supérieure.
On appréciera la direction des acteurs, dont notamment le duo Amber Heard et Danielle Panabaker, qui sont loin de leurs rôles habituels et se voient offrir l'occasion d'élargir un peu leurs horizons, chose qui nous fait d'autant plus regretter que l'oeuvre soit si moyenne.
Pour conclure, les fans de John Carpenter pesteront après autant de temps d'attente pour un résultat si décevant. Les cinéphages amateurs de ce genre de productions auront de quoi faire passer 1h30 de leur temps, mais il est cependant peu probable qu'ils en gardent un souvenir impérissable.
Mention spéciale pour Amber Heard, qui profite de l'occasion pour s'évader de ses productions habituelles, dont notamment Bienvenue à Zombieland ou Drive Angry, afin de nous servir quelque chose de différent. C'est sympa, et surtout très prometteur.