Fascinant, envoûtant, ce premier long métrage de Robert Egger est une vraie réussite.


Vendu à tort comme un film ayant pour vocation d'effrayer, c'est en réalité un conte horrifique SUR la peur, plus précisément sur la peur du Mal au sens religieux du terme. C'est cette même peur qui, transformée en paranoïa, va détruire cette famille de puritains au centre de l’histoire.


Le film commence tranquillement, on nous présente donc les protagonistes qui composent cette famille: Des Anglais très croyants installés aux Etats-Unis mais qui, chassés de leur village, n'ont d'autres choix que de s'installer aux abords d'une forêt dans un coin isolé du monde. Malheureusement cette forêt est habitée par une présence maléfique...

Et alors que le film vient à peine de commencer, le petit dernier de la famille, un nourrisson, disparaît subitement. S'en suit alors une scène à la fois magnifique et glauquissime durant laquelle la fameuse sorcière qui vit dans les bois sacrifie le nouveau-né... On est directement dans l'ambiance.
D'ailleurs, le fait de ne pas revoir la sorcière durant une bonne heure est un choix particulièrement intéressant tant il renforce la paranoïa du spectateur et de la famille. Car oui l'histoire tourne principalement autour de cette inquiétude grandissante quant à la présence du mal aux abords de la ferme familiale. Perdus et affolés, ces croyants vont s'en remettre systématiquement et de manière extrêmement fanatique à Dieu et à leur foi pour s’en sortir… Mais malheureusement, seul Le Mal répond à leurs prières. On prend alors un malin plaisir à voir cette famille de névrosés sombrer dans l'hystérie totale au point de douter les uns des autres.



  • La religion est donc l'une des thèmatiques centrales dans ce conte et en
    plus d’être traité avec brio, elle est d’autant plus fascinant grâce à
    l’utilisation de symboles ramenant directement à La Bible (le bouc, le père
    ressemblant à Jesus, etc…).


Finalement le plus effrayant dans le film c'est pas tant de voir que des forces maléfiques résident sur terre... Mais plutôt de réaliser que le sauveur des hommes, Dieu, les abandonne à leur sort. J'ai d'ailleurs ma petite interprétation sur la non-intervention de Dieu, je pense qu'elle est volontaire et est une forme de mise à l'épreuve de la foi de ces croyants face aux tentations du diable.


Au niveau de la réalisation tout est super bien calibré. C'est dingue à quel point Robert Eggers arrive à nous faire passer des messages avec des plans composés de manière si simple mais extrêmement intelligente... Je pense notamment à tous ces plans larges sur lesquels la forêt est subtilement présente, comme pour rappeler que la sorcière surveille constamment la famille. La gestion des lumières est également incroyable, principalement grâce à une utilisation de la lumière naturelle pour les scène de nuits.



  • Malgré une certaine lenteur dans le déroulement des événements, on
    est captivé par l'ambiance très sombre, renforcée par l’utilisation
    de teintes grisâtres.


Les acteurs eux, délivrent des performances excellentes. Mention spéciale au gosse durant la fameuse scène dans le lit. Et l’utilisation de ce vieil anglais, bien qu’un peu déstabilisant renforce d’autant plus l’immersion dans ce XVIIème siècle. Au même titre que les costumes et décors de l’époque.


Quant à la bande son elle fait le café comme on dit en insufflant une bonne dose d'anxiété tout en rappelant régulièrement les enjeux dramatiques de l'histoire grâce à de magnifiques compositions.


Bref. The Witch a beau ne pas faire excessivement peur, le film reste pour moi parfaitement maîtrisé. C'est beau, c'est glauque et par dessus tout, c'est une oeuvre passionnante à décortiquer et dont on pourra tirer plusieurs interprétations. Pour avoir réalisé un tout premier long métrage aussi juste, chapeau.

Ablaze18
8
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le 24 août 2016

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Ablaze18

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