Arrivant en salles après un joli buzz et plusieurs passages en festivals, "The Witch" est aux antipodes des films d'horreur actuels. Loin du grand-huit émotionnel qu'a pu nous procurer James Wan récemment avec "Conjuring" ou des films aux jump-scares faciles de ces dernières années, "The Witch" mise avant tout sur son ambiance. Une ambiance pesante qui règne sur cette petite ferme familiale isolée de tout dans la Nouvelle-Angleterre de 1630. Tellement croyante qu'on l'a isolée de sa propre communauté, cette famille se retrouve seule aux abords d'une forêt où surviennent d'inquiétants événements (une disparition de nouveau-né, une chèvre qui donne du sang au lieu de lait). Des événements qui vont sérieusement ébranler la foi du cocon familial, loin de la perfection et toujours proche du péché, en particulier quand on constate l'attitude de l'ensemble de la famille envers Thomasin, la fille aînée qui ne laisse personne indifférent (une mère jalouse, un frère qui la mate de temps en temps, des jumeaux qui ne l'aiment pas et le lui font bien comprendre). Tâchant de revenir à la base de la peur ancestrale, celle de Dieu, Eggers brosse le portrait de toute une famille enfermée dans son carcan religieux, où la paranoïa vient sérieusement augmenter la tension de toute la dose de surnaturel dont elle est témoin. Ici, le mal vient des hommes, de leur peur, de leur religion si cloisonnante que s'en écarter en devient presque inévitable surtout quand Dieu semble insensible aux prières de ses ouailles.


Baigné dans une photographie particulièrement soignée, "The Witch" témoigne d'un vrai talent de mise en scène et de direction d'acteurs (le casting est impeccable, de la révélation Anya Taylor-Joy au jeune Harvey Scrimshaw en passant par Ralph Ineson et ses faux airs d'Alan Rickman). Il faut aussi saluer l'audace d'un scénario qui joue sur les détails et sur des scènes ambiguës à souhait mais au final avec son rythme lent et son histoire atypique, "The Witch" laisse un certain sentiment d'inachevé, comme si Eggers nous laissait en plan à mi-parcours sans vraiment répondre à toutes nos questions. C'est également pour cela que le film est aussi réussi, faisant naître le malaise en nous interrogeant sur nos propres démons...

Alexandre_Coudray
7

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le 25 juin 2016

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