Blessures de l'enfance

Sun est une petite fille timide, harcelée par ses camarades de classe. La veille des vacances d’été, elle rencontre une nouvelle écolière Jia qui intégrera sa classe à la rentrée. Les deux jeunes filles vont passer tout l’été ensemble. Leur amitié va pourtant bien vite voler en éclat lorsque Jia décide, dès le 1er jour de rentrée des classes, de rejeter Sun pour traîner avec un autre groupe mené par Bora.

Terrible histoire d’amitié et d’humanité, The World of us est un bijou de réalisme et de vérité. Yoon Ga-eun avec délicatesse et simplicité livre le récit bouleversant de deux jeunes filles en quête d’intégration sociale. Avec la pudeur caractéristique des drama asiatiques, The world of us aborde les souffrances de l’enfance (le rejet des camarades, le sentiment d’abandon par les parents, l’impuissance etc) qui façonnent les adultes de demain. Leur intensité, sans aucune mesure, fait de ces souffrances de l’enfance celles qui nous marquent le plus. Portrait doux-amer de ces souffrances de l’enfance ; celles qui s’ancrent au plus profond de chacun d’entre nous, façonnent notre personnalité et nous aident à grandir ; ce film, c’est un peu le mistral gagnant de l’adulte que nous sommes tous devenus. Cet appel irrésistible aux souvenirs douloureux de rejet qui nous hantent. Que ce soit le rejet amoureux ou amical, c’est un sentiment dont nous avons tous fait l’expérience à un moment de notre vie. Ce film, c’est une piqûre de rappel révoltante mais néanmoins sublime de cette douleur ressentie, de cet incommensurable sentiment de tristesse, de cette rage envers la cruauté humaine et son stupide comportement grégaire.

Saisissant et poignant, The World of us dénonce ainsi tout aussi bien cette propension à la méchanceté face à la personne isolée et différente que la violence de l’exclusion due à la pauvreté.

Malgré un clivage social fort (Sun est issue d’une famille plus modeste), Sun et Jia, toutes deux différentes des autres enfants de leur âge, se distinguent par le poids des blessures qu’elles portent déjà en elles du fait de leur vécu familial. Complices dans leurs souffrances, elles vont pourtant se lancer dans une concurrence impitoyable espérant chacune désespérément acquérir les faveurs de leurs camarades.
Tout en regards et non-dits, toute la complexité des sentiments humains et de la reconnaissance d’un autre soi se dévoilent. Jia et Sun, deux faces d’une même monnaie, vont s’infliger l’escalade de l’humiliation mutuelle. Parviendront-elles à s’échapper de ce schéma ?

Entre Parasites et Un air de famille, un film indispensable !