The Wrestler par batman1985
Lors de sa sortie en salles, ce film m'avait énormément plu. Il était donc logique que je le revois et la seconde vision a confirmé mon opinion sur l'oeuvre d'Aronofsky.
On est très loin des artifices utilisés dans ses précédents films. Dans Pi et Requiem for a Dream, c'était par un montage clipesque que le metteur en scène tentait de sortir du lot. Dans The Fountain, il revisitait le mythe de l'immortalité avec une débauche d'effets spéciaux assez impressionnants. Le cinéaste filme ici caméra à l'épaule, au plus près du "Bélier", proche d'un style documentaire. Les gros plans sont nombreux. Le schéma est assez classique et déjà abordé de très nombreuses fois. Il s'agit de celui de la gloire, de la chute et de la rédemption. Sauf qu'on commence directement par celui de la chute. La réussite, on la découvre grâce à des couvertures de journaux qui nous apprennent que le Bélier a été une grande star du milieu du catch.
Nous suivons alors le personnage de Rourke qui vit dans son passé et qui n'est plus qu'un catcheur qui sep produit dans des lieux minables. Il vit dans une caravane et ne parvient plus à payer son loyer. Pourtant, l'homme ne se sent vivant que lorsqu'il est sur un ring. L'homme est très clairement un has-been. Pas de vie sociale, pas de vie familiale, ses seules discussions sont celles qu'il a avec une stripteaseuse, qui elle aussi, suit le même tracé de vie que le Bélier. C'est donc deux personnages que l'on suit et qui ne sont que des gens qui ont connu, à leur façon, leur heure de gloire.
Mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est bel et bien le parallèle qui est réalisé entre le catcheur et Mickey Rourke. Et c'est peut-être pour cela que l'acteur est totalement incroyable dans son rôle. Difficile de dire si Aronofsky filme un personnage ou la réalité. Je ne comprends d'ailleurs pas comment on a pu filer l'Oscar a quelqu'un d'autre l'an passé. Enfin... En tout cas, c'est un véritable homme à Rourke mais aussi aux années 80 plus en général que le metteur en scène réalise.
Les séquences de tentative de réconciliation avec sa famille de sang sont totalement émouvantes aussi. Rourke est très juste mais il faut avouer que les deux autres acteurs principaux aussi. Marisa Tomei et Rachel Evan Wood sont très sincères dans leur rôle. Mais on sent un Rourke plus hésitant sur sa vie de famille et on constate qu'il commet encore des erreurs même s'il ne les commets pas volontairement. En fait, l'homme ne se sent à l'aise que lorsqu'il est sur un ring et quitte à ce que ça doive lui coûter la vie, il préfère être au sein de ce qu'il appelle être sa vraie famille. La fin est celle d'un retour en fanfare même si elle le mène à une mort. C'est aussi celle d'un retour sous les projecteurs d'un acteur qui a longtemps été dans la tourmente.
Alors, certes, l'oeuvre de Aronofsky n'est pas la première a abordé les différents thèmes. Mais il le fait avec tellement de sincérité, de recul, d'amour, d'honnêteté envers son histoire et le personnage que c'est pour moi l'un des films les plus émouvants de l'année écoulée voire même de la décennie. Très très grand film !