mars 2011:

Je ne me souviens plus trop de la teneur de mes sentiments après avoir vu "We own the night", vu il y a quelques années. Je crois, je ne suis pas sûr du tout, mais je crois que je n'avais pas été très emballé par le film, son histoire, la manière de filmer de James Gray. Cependant je me souviens très bien avoir adoré la scène où, sous une pluie diluvienne, une limousine était attaquée, séquence esthétiquement formidable et au montage superbement millimétré.

Pendant un certain temps, au début de ce film, j'ai craint de ressentir à nouveau un manque d'investissement de ma part, voire un certain ennui mais progressivement le travail sur la photographie avec des dosages sensés d'ombres et lumières, des cadrages pensés, m'a d'abord intrigué puis complètement charmé. De plus, l'excellente écriture scénaristique s'est révélée de plus en plus équilibrée avec des personnages denses, pas trop schématiques, des relations complexes et une dramaturgie subtile malgré l'aspect mélodramatique indéniablement lié à la thématique de la rédemption impossible, mystique et religieuse dont le film s'empare dès le départ.

Ajoutez à cela une bande de comédiens très bien dirigés proposant des personnages fouillés, sans esbroufe, avec beaucoup de retenue ("Theron, ch'adowre!") et vous obtenez un précipité de film remarquable et qui fera sûrement date. Très belle œuvre!

Quelle impiété que le transfert aussi merdique de ce dvd "Bac Films"! Ça bave de partout sur les mouvements. A croire que c'est fait exprès pour qu'on achète le blu-ray. Que je continue de trouver le film esthétiquement appréciable malgré la médiocrité du dvd relève du miracle. Volontiers pointilleux et râleur sur la forme, j'ai plutôt la dent dure, je le confesse, avec les dvds qui sabordent des films, une habitude presque toujours injuste qui fait beaucoup trop la part belle à un certain nombrilisme que ce blog illustre malheureusement de manière aussi édifiante que récurrente. Tiens, prends encore un autre paragraphe auto-centré dans les gencives! Je me dégoûte... Vite, revenons à ces "Yards", ce film néo-noir qui emprunte également à la mythologie cinématographique du "Parrain". Je ne dis pas cela parce uniquement parce que la distribution compte James Caan dans ses rangs, non non, mais bien parce qu'il met justement en scène ces liens familiaux plus ou moins factices qui unissent les individus parfois malgré eux, les attachent à un destin commun tourmenté et pour certains même fatal.

Film noir multi chromatique dont les couleurs ne sont jamais vives bien entendu, mais passées, quand elles ne se dissimulent pas dans l'ombre, film magnifique que je crois pouvoir recommander, sans une hésitation. Ouaip, carrément!
Alligator
8
Écrit par

Créée

le 17 avr. 2013

Critique lue 477 fois

4 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 477 fois

4

D'autres avis sur The Yards

The Yards
Ghettoyaco
10

Critique de The Yards par Ghettoyaco

J’adore James Gray. Je n’en étais pas totalement sûr après avoir vu We own the night et Two lovers, que j’avais tout de même beaucoup aimés, mais avec The Yards, j’en ai la certitude. Déjà, ce...

le 6 déc. 2014

34 j'aime

6

The Yards
Docteur_Jivago
8

Clair - Obscur

C'est à 25 ans que James Gray réalise son premier film avec l'excellent Little Odessa, remportant notamment un lion d'argent à Venise puis 6 ans après qu'il met en scène son second, The Yards, où il...

le 4 mars 2019

23 j'aime

2

The Yards
Gand-Alf
8

Tragédie moderne.

Repéré grâce à son sublime "Little Odessa", James Gray continue de s'attaquer à l'image de la famille et aux grandes tragédies de la classe moyenne avec ce drame shakespearien en diable qui, s'il n'a...

le 19 sept. 2012

23 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime