Fascinante Thelma dont l’éveil des sens provoque une fracture intérieure, déchaîne un peuple aviaire comme extirpé de son être, ouvre son corps à l’altérité par un léger mouvement manuel. Tentatrice Thelma tel le serpent originel qui se dresse contre une doctrine trop longtemps supportée et rendue obsolète par l’amour le plus pur comme main tendue, gifle rendue à son créateur. Pure Thelma nageant dans les eaux troubles existentielles où, noyée, elle fera l’expérience de l’inframonde renversé en terre d’accueil, en asile conciliateur. Joachim Trier nous embarque dans une expérience sensitive et sensorielle d’une remarquable beauté, maîtrisée de bout en bout par sa réalisation glaciale où évoluent des sources incandescentes peu à peu révélées à elles-mêmes. La composition musicale d’Ola Fløttum fait flotter le film en l’imprégnant d’une atmosphère à la fois pesante et poétique, source d’élévation. Superbe.