Ridley Scott and the fantabulous emancipation of Thelma and Louise

Quand on évoque Ridley Scott, on pense tout d'abord à Alien, Blade Runner et Gladiator, 3 films super cultes qui ont rangé le réalisateur au rang de maître. En 1991, sort Thelma & Louise, un road movie bien loin du côté blockbuster-esque des trois films cités plus haut. Et c'est sur lui que je fais une critique aujourd'hui...étrange non ? L'explication est simple : j'ai trouvé le titre de la critique et il m'a beaucoup plu...voilà. Mais bien sûr, il y a des choses à dire sur ce film, que même si je n'ai pas pleinement adoré, j'ai trouvé très sympathique et je suis assez content de l'avoir vu.


[Attention Spoilers]

Tout d'abord, le casting est superbe. Le duo que constituent Susan Sarandon et Geena Davis (qui est plutôt mignonne d'ailleurs) est réussi. On croit à leur relation, on a même l'impression qu'elles sont meilleures amies dans la vraie vie, elles sont à fond dans leur rôle, bref elles sont excellentes et ont pleinement mérité leur nomination aux Oscars (une des deux auraient probablement gagné si elles n'étaient pas tombé face à face au Silence des Agneaux). Le reste du casting est plus anecdotique évidemment mais reste néanmoins très bon, à part peut être Christopher McDonald, j'ai trouvé qu'il surjouait un peu. On a aussi Brad Pitt qui signe là son premier rôle parmi les plus grands et qui a déjà une sacrée classe.


La réalisation, évidemment qu'elle est réussie, on parle de Ridley Scott là, pas de n'importe qui. Certains plans sont excellents, comme le premier plan avec nos deux protagonistes en voiture, un long plan avec la caméra placée à la place du rétro gauche où l'on voit les deux femmes discuter, ce plan sert à nous sentir proche du duo qu'on va suivre pendant deux heures dès le début. Ou alors le dernier plan dans lequel nos héroïnes se jettent dans le vide, véritable symbole de libération et d'accomplissement, elles qui étaient enfermées dans une routine n'hésitent pas à se jeter dans le grand inconnu pour ne pas encore être enfermées (en prison cette fois ci), elles ne savent pas sur quoi elles vont tomber, ne serait-ce pas ça la vie au final, avancer quoiqu'il arrive, même si on ne sait jamais ce qu'il va se passer ?


Le film est un road movie donc évidemment on voyage beaucoup, on traverse les états (Texas, Oklahoma) pour arriver au grand canyon. On ajoute à ça une ambiance feel-good avec des pointes d'humour (Thelma qui, lors du hold-up, dit les mêmes phrases que J.D quand lui braque, par exemple) qui correspondent à l'humeur des deux femmes et on finit par avoir l'impression d'être le troisième passager de ce voyage.


Ce métrage est intéressant pour ses deux personnages principaux : Thelma et Louise. Deux amies toutes les deux mariées à des hommes qui ne font pas attention à elles et qui décident, un vendredi soir, alors que Louise sort du boulot, de prendre la route le long d'un week-end afin d'échapper leur routine qu'elles vivent sans grandes convictions. Dès la scène d'intro, nos deux personnages sont présentés, on comprend leur situation et leur envie de s'en aller, on comprend en l'espace de moins de 10 minutes qu'elles ne sont pas heureuses, l'une parce qu'elle reste seule chez elle la plupart du temps, qui ne peut dire un mot à son mari sans que ce dernier l'engueule ou lui reproche telle ou telle chose et l'autre parce qu'elle est coincée dans son boulot de serveuse qui ne lui apporte rien (plus tard dans le film, Thelma lui dit que c'est à cause de ce boulot qu'elle est un peu « coincée »). On n'a donc aucun mal à saisir la libération que ces deux femmes doivent ressentir quand Louise va chercher sa copine en voiture décapotable devant chez elle. Après quelques heures de parcours à exprimer leur soulagement, à se demander comment elles peuvent rester avec leur mari, elles s'arrêtent dans une boîte au bord de la route...et c'est là que tout va déraper. En effet, après avoir dansé avec un inconnu nommé Harlan, Thelma va subir une tentative de viol, oui une tentative, qui va échouer à l'arrivée de sa meilleure amie qui braque une arme sur cette petite sous merde qu'est Harlan. Ce dernier se retire donc mais son caractère sexiste va mener à sa perte, suite à quelques insultes pas gentilles gentilles, Louise tire sur ce connard, ce qui provoque sa mort. Cet acte en dit long sur la vie de Louise, on devine que son mari fait preuve d'irrespect envers elle au point d'avoir envie de le tuer, mais parce que justement c'est son mari, elle n'ose pas appuyer sur la gâchette, elle se venge alors sur un inconnu. A partir de ce moment (et pendant le reste du film, évidemment), on en apprend plus sur la personnalité de ces deux femmes : Thelma est une femme naïve, têtue, qui se laisse berner par le charme du premier inconnu venu parce qu'elle ne sait pas ce que c'est que d'être aimé (Darryl est le seul homme qu'elle a connu) et qu'elle veut le découvrir. C'est une femme frustrée, qui ne peut pas profiter de la vie en raison de son mariage à un * (j'essaie de rester poli mais c'est dur) alors qu'elle était jeune et qui par conséquent saute sur la première occasion de le faire. Louise est un peu l’opposée de son amie, elle est nerveuse, toujours sur ses gardes, voit directement le côté négatif des hommes (on en revient à ce que je disais plus haut) et qui est antipathique avec l'inconnu, mais c'est justement tout ça qui protège son amie. Et oui, car malgré toutes les erreurs de l'une ou de l'autre, malgré leur situation assez compliquée (on va dire que ça n'arrive pas à tout le monde de tuer un gars et de fuir la police), elles restent des amies, des amies qui feraient n'importe quoi pour protéger l'autre, pour pas qu'il lui arrive du mal, pour qu'elle aille aux bouts de ses rêves. Aucune des deux filles ne se sent jamais aussi vivante que quand elle est avec son amie, ce film est un réel hommage à l'amitié. Parallèlement à ça, le film aborde bien évidemment l'émancipation féminine. J'en ai déjà parlé quand j'évoquais tout ce qui est détachement de leur mari ou quand il s'agit de profiter de la vie mais je vais essayer de creuser un peu plus. En effet, le long métrage nous dépeint deux femmes qui quittent leur routine, qui vont voir leur vie basculer et qui vont s'autoriser quelques folies. Et oui, cette émancipation se traduit par la sensation que ces femmes sont déconnectées de la réalité, elles veulent se sentir vivantes quitte à commettre quelques délits par ci par là, et surtout, pour une fois qu'elles en ont l'occasion, aller au bout de leurs ambitions. On se pose un peu la question : est-ce que l'oppression qu'elles ressentaient avec leur mari ne les ont pas rendu un peu folles ? Thelma, la naïve/têtue qui n'osait même pas toucher un pistolet commet un hold-up, braque un policier puis rit de la mort d'Harlan et au contraire Louise qui a osé tuer un inconnu devient plus sage (oui bon elle devient pas folle, elle l'était déjà un peu). Le film montre clairement que cette fameuse émancipation a changé nos deux protagonistes et que oui, elles se sentent clairement mieux qu'avec leur mari. Pour nous montrer ça, on a la symbolique du camion qui explose comme l'esprit des deux femmes ou alors le dernier plan, qui montre qu'elles sont allées au bout (littéralement) de leurs ambitions. Et ce plan a de quoi nous émouvoir, nous qui nous sommes attachés à ces deux femmes, nous qui avons envie de les voir réussir.

Pour finir, on va parler du féminisme. Et oui, il est nécessaire d'en parler dans cette époque où Hollywood fait du girl power à tout va de la manière pas des plus subtiles. Mais bon, si tout le monde avait fait comme Ridley Scoot, on n'en serait pas là. Ce dernier n'a pas eu besoin d'un certain #mewtoo pour mettre en avant des femmes qui se libèrent de la masculinité toxique. Si on pouvait voir du féminisme comme il est fait dans ce film dans tous les blockbusters, ce serait tellement bien. Ici, les femmes et les hommes agissent tous les deux aussi bien que mal alors qu'aujourd'hui, être une femme c'est parfait et si t'es un homme bah...crève. Je trouve que ce film gère extrêmement bien son message féministe, montre que les femmes n'ont pas simplement pour but d'obéir aux hommes et qu'au contraire, elles doivent leur tenir tête et leur rappeler que ce sont des êtres humains comme eux sans tomber dans la facilité ou la vulgarité.


En conclusion, c'est un très bon film et vous vous dites que 7 + <3 ce n'est pas assez étant donné que je n'ai donné aucun point négatif. Dites vous juste que j'ai senti un peu passer les deux heures, que je peux passer à 8 au revisionnage et que je préfère me concentrer sur les points positifs (et qu'en vrai, je n'ai pas spécialement de choses à reprocher). Un film qui change de l'idée que je me fais de la filmographie de Ridley Scott mais qui prouve qu'il peut s'essayer à d'autres genres et réussir sans problèmes, bref, un film à voir. 7 + <3

BestPanther

Écrit par

Critique lue 351 fois

12
6

D'autres avis sur Thelma et Louise

Thelma et Louise
Gand-Alf
9

Deux rouquines en cavale.

Alors qu'il peine à s'extraire du carcan du cinéma de genre à qui il a donné certains de ses plus beaux représentants ("Alien", "Blade Runner", "Legend"...), le cinéaste Ridley Scott va enfin...

le 5 juil. 2014

73 j'aime

6

Thelma et Louise
Sergent_Pepper
5

Chicks and run

Il en va du vieillissement des œuvres comme de celui des personnes : la question n’est pas tant de savoir si l’on vieillit bien ou pas, mais plutôt d’accepter l’idée que l’âge accroît la les défauts...

le 5 févr. 2019

63 j'aime

16

Du même critique

Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux
BestPanther
7

J'ai les bracelets en ce moment, et rien que je les fais briller

Cette fois-ci la machine Marvel semble belle et bien repartie, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux est le deuxième film du MCU à sortir cette année et je ne peux cacher mon plaisir de voir cet...

le 2 sept. 2021

30 j'aime

4

Interstellar
BestPanther
8

La planète meurt mais personne voit

Du haut de ses 7,8 de moyenne pour 100 000 notes sur Sens Critique, Interstellar de Christopher Nolan s'est imposé comme un des plus grands films de science-fiction/voyage dans l'espace de la...

le 29 août 2020

30 j'aime

4

The Truman Show
BestPanther
9

Populace manipulée, au profit de qui ? Ce n'est pas stipulé

Bon je préviens tout de suite, ce film est une dinguerie, c'est incroyable, je suis resté bouche bée, j'ai pas arrêté de me répéter que c'était trop bien. Premier film que je vois avec Jim Carrey en...

le 17 mars 2020

26 j'aime

14