Revu 50 ans après sa sortie, le Théorème de Pasolini fait encore son petit effet. L'idée de base du script est mieux que bonne : remarquable et via, notamment, un casting de grande classe (Terence Stamp, Silvana Mangano, Laura Betti, Anne Wiazemsky, Massimo Girotti, pour ne citer que les têtes d'affiche), se concrétise en un film étonnant et, dans l'ensemble, agréable à regarder, malgré une légère baisse d'intérêt dans la deuxième partie, qui montre une famille de la haute bourgeoisie milanaise entièrement bouleversée, suite à la visite d'un jeune homme angélique, probablement d'essence divine, en tout cas au charme irrésistible.
Dans le contexte d'aujourd'hui (assez différent de celui de 1968), je me suis demandé si le film (qui a fait scandale à l'époque) n'avait pas pris avec le temps des allures de canular.
Cet ange, envoyé divin, qui s'annonce par télégramme, séduit et "saute" successivement la servante, le fils, la mère, le père et la fille de la famille hôte, puis qui, suite à un nouveau télégramme, repart aussi soudainement qu'il est arrivé, cela prêterait presque à rire, si les conséquences de cette "visitation" ne se révélaient si dramatiques pour chacune des cinq personnes ainsi honorées.
Comment interpréter cette spectaculaire démonstration pasolinienne, cette parabole sulfureuse ?
1. Je pense qu'avec son Théorème le réalisateur formule principalement la question : "Dieu et le capitalisme sont-ils compatibles ?", pour y répondre de façon catégorique : non.
2. Comme la grande majorité des Italiens de ces années-là, Pasolini croit en Dieu. Mais... est-ce que croire en Dieu et se conformer à sa stricte parole est humainement viable ? Là encore, Pasolini répond de façon catégorique : non.