Un tout petit film d'apocalypse où il n'y aucun espoir. En réalité, le film commence alors même que la fin du monde a déjà commencé. Un astéroïde géant vient de heurter la Terre il y a quelques minutes, causant le gigantesque tsunami de feu et de croûte terrestre que l'on imagine. Les Etats-Unis et l'Europe ont déjà été réduits à l'état de lac de lave, et il ne reste qu'une dizaine d'heures avant que l'entièreté du globe soit ravagé par cette onde de choc monstrueuse


Tourné avec des moyens dérisoires et sorti en DTV en France, These final hours est étonnamment intimiste et sobre pour un film catastrophe. Dénué de toute forme de spectaculaire, son contexte se limite à un pâté de maisons. Seul un speaker à la radio est la pour raconter de temps en temps en off la progression du cataclysme qui n'est jamais montré par ailleurs mais juste suggéré par le fait que visiblement les acteurs ont de plus en plus chaud le long du film.


Le film suit à la trace un jeune gars un peu perdu et égoïste, James, ayant prévu de veiller sur son amante mais ne parvenant pas à assumer d'attendre là leur mort par manque de courage. Il préfère partir pour se mettre une caisse à une espèce d'énorme fête chez des copains, improbable ultime biture avant la fin de tout. En chemin, il doit se résoudre à aller sauver une fillette à deux doigts d'être violée par une bande de brutes. Et le voila à devoir se coltiner cette gamine, Rose, qui ne sait pas où sont ses parents et veut les rejoindre avant que le cataclysme ne les emporte tous. Réticent au début, puisque sans mauvais jeu de mot, il n'a pas toute la journée, James apprend petit à petit à s'attacher à elle, et peut-être va-t-elle lui permettre de devenir enfin un homme bon...


Après un début incongru, très film de genre bourrin (incluant un fou furieux armé d'une machette, et une baston à coups de marteau et de barre de développé couché), These Final Hours réussit à créer, avec rien, un certain univers. Quelques plans sont véritablement forts, comme les derniers adieux entre James et Rose où cette dernière court après sa voiture de manière dérisoire pour pouvoir croiser son regard le plus longtemps possible, alors que le cataclysme gronde déjà à l'horizon. Ou alors lorsque James rejoint enfin son amante alors qu'ils ne sont qu'à quelques instants d'être balayés par le feu, et que celle-ci le rejette violemment, trop en colère d'avoir été abandonnée toute cette journée. Ou de manière générale, les idées visuelles qui parsèment les rues de ce monde à l'abandon, baignant dans une photo aride et jaunie. On pense inévitablement au premier Mad Max à certains instants, avec ses kilomètres d'asphalte cramé sans fin... De même que j'ai aimé son montage parfois très sec, ne laissant parfois qu'une fraction de secondes pour capter à l'écran une info essentielle au récit.


On ressent vraiment la solitude, l'impuissance, le repli et le désarroi des gens, les reflexes de survie dérisoires (ces quartiers entiers sans âme qui vive, avec des maisons aux fenêtres colmatées, des familles qui descendent dans leur cave, d'autres qui implorent qu'on les prenne en voiture pour aller on ne sait où...). Et surtout, l'état d'anarchie et de pétage de plombs général. Tout le monde se bourre la gueule, tout le monde baise avec tout le monde, se drogue, se cogne, se suicide, on fait des concours de roulette russe sous les vivas des supporters, ou alors on se réconcilie comme on peut avec des parents pas vus depuis des années. Et à la fin, il ne reste qu'un long écran blanc suivi d'un générique glacial, intégralement dénué de toute musique ou de tout autre son. Un néant comme j'en ait rarement vu...


Bien sûr, c'est un tout petit film qui ne révolutionne pas les tenants du genre, mais c'est plutôt beau, radical et parfois très touchant.

Biggus-Dickus
6
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le 16 janv. 2019

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Biggus Dickus

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