La poésie au cinéma peut exister. "This must be the place" en est un exemple. Ce film raconte un bout de la vie d'une ancienne star du rock. On ne voit pas l'homme dans la gloire, ni en train de succomber à la vieillesse. Nous sommes dans l'entre-deux. C'est un homme qui se complaît dans ce qui lui sert de vie, mais qui est un peu enfermé dans un personnage qu'il s'est crée quelques décennies auparavant.
Nous faisons ainsi un bout de chemin avec lui. Tout en douceur et en rencontres. Il prend son temps, le temps de vivre, et chaque plan semble résumer ses sentiments, surmontés de lenteur. Nous ne suivons pas un Sean Penn déguisé, mais plutôt un Cheyenne formidablement crédible en cartésien désabusé ( il pense donc il l'est mais il s'en fout ; merci Gaspard Proust!).
Le problème, c'est qu'au milieu de cette ambiance gothico-poétique, se trouve un poids qui alourdit le film. Ce poids, c'est l'ennui. Force est d'avouer que je me suis endormi devant la première fois, et que j'ai somnolé la deuxième. Alors peut-être, suis-je un peu fatigué , mais cet ex-rockeur a contribué à mon endormissement brutal.
Je n'ai pas envie d'être méchant avec Sorrentino. Il nous livre ici un très beau tableau mais chiant à en dormir.