Rouquin, futal et extrême droite.

Le cinéma anglais se divise en deux camps: ceux qui veulent s'amuser et rigoler avec le cinéma (école Monthy Pythons, Edgar Wright,...) et ceux qui veulent absolument montrer un angle de la société britannique, et souvent le celui qu'on a le plus de mal à faire face (Ken Loach et donc Shane Meadows).

On suit un petit bonhomme, Shaun, un peu isolé, roux et mal fringué, qui se fait "bousculer" à l'école pour son style vestimentaire et son père qui est parti à la guerre des Malouines, mais qui n'en est pas revenu. Nous sommes donc en 1983, la jeunesse anglaise se demande ce que va être son futur avec la cure d'austérité que leur sert "The Iron Lady" et notre petit bonhomme croise la route de jeunes aux crânes rasés. Le leader du groupe l'invite à les joindre et ils se lient d'amitié. Ce sont des Skinheads, mais ils ne sont pas violents ou racistes. Car nous sommes en 1983, et les skinheads ne sont pas encore ces jeunes violents et racistes, qui ne voient qu'en l'étranger un voleur de terres et de travail.

C'est l’intérêt de ce film, le grand intérêt même: nous rappeler que les Skinheads étaient au départ un groupe d'ouvriers, noirs jamaïquains et blancs anglais, qui se sont unis pour lutter contre leur situation de classe. Leur habit de ralliement était donc la chemise de travail, les bretelles, le pantalons, les chaussures hautes et le crane rasé.

Sauf que, ils ne sont pas restés ça. Bah oui, les skinheads ne sont plus vraiment des ouvriers qui luttent contre la précarité dorénavant. Le film suit donc la transformation de ce mouvement a travers les yeux encore innocents de Shaun, qui va se faire happer par les extrémistes du groupe, jusqu'à se retrouver dans un meeting du "National Front", endroit où un gamin n'a pas sa place.

Plongée dans un Angleterre qui se mue, qui se radicalise, qui se précarise, "This Is England" est très mélancolique, très brut de décoffrage, n'épargne rien. C'est un film lourd de sens sur une époque, sur une partie de l'évolution de la société anglaise. Ou comment le politique lointain transforme frontalement la vie des gens.