Depuis Iron Man de Jon Favreau en 2007, les films estampillés Marvel inondent les salles obscures et les suites se multiplient. Aujourd’hui c’est Thor, ce super-héros issu de la mythologie nordique qui voit ses aventures se poursuivre au cinéma.

Cette fois, la firme Marvel a choisi un réalisateur de série TV, Alan Taylor, (qui a réalisé quelques épisodes des Sopranos, Six Feet Under ou encore plus récemment de Games of Throne), qui est donc chargé de mettre en boîte les idées des pontes de la Marvel. Bien évidemment, le réalisateur ici n’est qu’un technicien, comme Kenneth Branagh sur le premier (ce qui était d’ailleurs très frustrant), et on sent que le studio décline encore une fois sa recette du film de super héros idéal et l’impose à son réalisateur.

Idéal, commercialement parlant bien sur. On parle ici de stratégie marketing, ils ont très intelligemment prévu sur le long terme, les films sont faits pour se suivre (et se ressemblent étrangement), faits pour en mettre plein la vue et pour divertir efficacement.

On saluait l’efficacité de cette recette sur Iron Man premier du nom. On adorait l’intensité de divertissement atteinte sur le film Avengers, en se demandant si l’on atteignait pas alors une certaine limite.

Car malheureusement, à part le divertissement pur, il n’y a rien d’autre à retenir des films Marvel. On est loin de la vision et de l’appropriation des personnages d’un Nolan sur la trilogie Dark Knight par exemple. Ces films là ne sont pas fait pour atteindre une telle profondeur. Ils ne s’affranchissent jamais vraiment des pages des comics.

Il s’agit plutôt d’une recette de Big Mac dont on changerait la sauce à l’infini, le fast food du cinéma : c’est fait pour être consommé tout de suite et pour engranger beaucoup d’argent.

Sur ce film là, c’est encore le même schéma. Un mal est découvert, un ennemi apparaît, la bataille de fin est forcément la plus spectaculaire, les scènes post-génériques doivent donner envie aux fans d’attendre les prochains films et, au milieu de tout ça, quelques scènes légères de comédie pour souffler un peu. Une mécanique bien huilée.

Il y en a pour tous les goûts, d’ailleurs : les garçons pour les scènes d’action spectaculaires qui ponctuent le film; les filles, qui s’identifient à Nathalie Portman (qui gâche ici son talent) en pleine romance (fade) avec le beau héros blond qui montre son torse musclé à la caméra; il y a de l’humour pour rendre tout cela encore plus addictif… et voilà ! c’est emballé. Et cette recette, on la retrouve, avec quelques variations, sur tous les films Marvel.

Le plus gênant, peut-être, dans celui-ci, c’est que tout cela commence à s’essouffler. Et ne parlons pas de ces citations maladroites, ou le réalisateur nous refait Le Seigneur Des Anneaux : plans au ralenti sur des gens qui ripaillent joyeusement dans des tavernes, musique comprise.

Et cette scène d’action finale, qui ressemble étrangement à celle de Man Of Steel…

Ils ont même été chercher le Walter de Fringe, avec ce personnage de scientifique un peu fou qui oublie de mettre son pantalon !

Alors, bien sur, ça marche, les gosses et ados adorent, les adultes aussi. Mais on peut se sentir lassé, et regretter finalement que l’on ne nous raconte pas grand chose, ressentir le manque de singularité de ton.


Le héros principal, d’ailleurs, manque cruellement de présence et d’enjeu dramatique. Il ne suscite pas vraiment l’empathie. On nous ressort le coup de la destinée et du libre choix : mon roi de père me destine au trône et m’a choisi une épouse mais je ne veux pas assumer cette responsabilité et j’aime une roturière… On a déjà vu ça mille fois en mieux traité. Même chez Disney…

A ce compte là, on peut légitimement se demander si les heures de gloire du film de super-héros ne sont pas derrière nous. Les Batman de Nolan sont terminés, Sam Raimi ne réalisera plus de Spiderman, et le prochain Man of Steel jouera aussi la carte du rassemblement de super-héros à suivre en plusieurs films avec l’arrivée d’une nouvelle version de Batman incarnée par Ben Affleck. Peut-être y a t-il encore un espoir avec le nouveau X-Men de Brian Singer, qui à l’air d’aborder des thèmes un poil plus sérieux…
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le 11 nov. 2013

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Franck Lalieux

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