Le temps est littéralement de l'argent

Quand on aime un réalisateur et scénariste, on redoute le jour où il va se planter. En effet, ce jour sera notre pire déception car on avait éprouvé un certain attachement envers lui (Chose qu'on a expérimenté avec Steven Spielberg, même je ne trouve pas qu'il a fait de très mauvais films, Ridley Scott, Luc Besson, Alex Proyas, Brian de Palma, M.Night Shyamalan etc...). Et c'est mon cas pour Andrew Niccol. J'ai adoré Bienvenue à Gattaca, j'ai adoré Lord of War, j'ai adoré son travail d'écriture dans The Truman Show et dans The Terminal. Puis, vint Time Out et je peux dire d'amblé que j'ai eu la même sensation qu'avec I,Robot d'Alex Proyas. A savoir, qu'il nous a livré un film de s.f avec un concept intéressant, mais avec des problèmes de réalisations et d'écriture qu'il ne nous avait pas habitué, même si au fond il reste un film pas franchement mauvais.

Réalisation d'anticipation plutôt bien gérée... avec des plans superflus

Au niveau de la réalisation, on est un peu entre 2. Il possède bien sûr une réalisation posée et qui va avec un style de film d'anticipation et d'action. On retrouve un peu l'ambiance de Bienvenue à Gattaca , mais très voir trop light. Ce qui n'est pas un problème en soit, cela reste correcte, mais il y a des scènes qui sont inutiles dans le film et ça c'est un problème. Pire encore, des scènes clichées

C'est assez étonnant autant de facilités scénaristiques, lui qui n'en faisait que très peu auparavant. Pire, le film ne semble pas se décider quel ton employer. C'est un mélange de plusieurs genres et aucun n'est exploité complètement. C'est l'opposé de la démarche qu'il nous a fait dans Bienvenue à Gattaca, où le mélange des genres fonctionnaient mieux (j'aurai pu dire Looper, mais bon mieux vaut prendre un film du même réal. Quant aux personnages, là aussi ça pose problème.

Will des Bois

Will Salas (Justin Timberlake) est un jeune ouvrier des quartiers pauvres de Dayton. Vivant avec sa mère Rachel (jouée par Olivia Wilde , on va y revenir). C'est un anti-héro classique à qui on lui a confié 1 siècle de temps avec comme mission de savoir quoi en faire. Et je ne comprends pas ce personnage. On lui confie un tel niveau de temps qui est à la fois son espérance de vie et quand on le lui vole, il ne cherche même pas à le récupérer ! Il devient le Robin des Bois du film certes, mais pas en vue de récupérer le temps qu'on lui a confié, ni pour découvrir le mystère l'entourant. La seule chose que cela a pu faire est de rentrer dans le quartier riche en vue de "faire sauter la banque". Mais cela n'est pas sa motivation principale, mais un prétexte. Ce qui est vraiment une occasion manquée.

Rachel sa mère de 25 ans alors qu'elle en a 50 par contre est la seconde abbé Faria du film, et je trouve sa mort en trop. Son personnage apporte une motivation à Will superflue par rapport au premier Faria (oui je trouve sa mort inutile et je la spoile)

Sylvia Weis (Amanda Seyfried) est la Bonnie de Will et fille d'un riche banquier du temps et qui va rejoindre sa croisade afin d'offrir du temps aux autres suite à la désillusion du à son rang. Son personnage possède une construction classique de love interest mais elle est assez maline donc ça passe.

Raymond Leon (Cillian Murphy) est le chef de la police du temps et est un homme qui semble détenir pas mal de secrets...mais s'avère être un antagoniste classique et sans envergures

Philippe Weis (Vincent Kartheiser) semble être un antagoniste plus consistant ... mais s'avère l'image du riche à voler.

Henry Hamilton (Matt Bomer) est le vrai Abbé Faria du film. C'est bizarre, chaque fois que je vois Matt Bomer dans un film, c'est soit pour être un antagoniste soit pour être l'Abbé Faria du film. Du coup, il a une durée de vie extrêmement limité et ...c'est sacrifié pour rien au final.

Les autres personnages sont assez secondaires. Fortis (Alex Pettyfer) est un méchant cliché qui ne sert qu'à être le caïd, Michelle Weis (Bella Heatcote) est la femme de Philippe mais ne sert qu'à une scène chrono. Borel (Johnny Galecki) est le meilleur ami qui meurt hors champ etc...

Un concept gaché

Déjà, le concept est intéressant. On est dans un futur proche où tout le monde est virtuellement immortel et possède 25 ans d'âges. Cependant, ils ont dans le bras un compteur qui leur indique le temps qui leur reste à vivre et ils peuvent s'en servir comme argent. C'est vraiment intéressant parce que cela met les héros à tous moments dans une situation où ils meurent si jamais il n'ont plus de temps. De plus Andrew Niccol exploite très bien l'habituel thème des inégalités en faisant en sorte que ce soit vraiment une question de survie. Malheureusement, les directions que le film possèdent ne sont jamais exploités à fond. Henry cède au héro un siècle de vie, mais c'est pour mieux le perdre et il ne voudra jamais le récupérer. Les méchants peuvent tuer n'importe qui en prenant le bras des plus pauvres pour faire pression à Will et Sylvia mais jamais il ne le feront (au mieux ils augmentent les cours, mais c'est très faible). On miroite le faite que le père de Will ait fait quelques choses de grandioses mais en faite il est mort en voulant distribuer le temps au plus démunie. On dit que les actions provoqueront l'anarchie mais on nous le montre jamais l'anarchie. Pire, ce n'est même pas sous - entendue ! Je veux dire : Comment avec autant de possibilité on arrive à faire un film à l'écriture aussi faiblard ? Andrew ? Mais qu'est-ce qui c'est passé ? Comment tu es passé de Bienvenue à Gattaca, S1mone, et The Truman Show à ça ? C'est vraiment décevant.

Pas nanar, divertissant, mais décevant.

Bref, ce film n'est pas terrible. Il est divertissant certes mais l'écriture est vraiment faible. Le film avait du potentiel d'être un excellent film de s.f mais est laminé parce qu'il ne se veut pas ambitieux. Et c'est triste parce que Andrew Niccol avait déjà prouvé qu'il était un réalisateur de talent et un scénariste fort. Malheureusement, ce film était son premier faux pas avant de se cracher dans son film suivant les Âmes Vagabondes. Je n'ai pas vu Good Kill mais j'ose espérer qu'il soit mieux