6,25/10


Si le nouveau film réalisé et scénarisé par Andrew Niccol ne brille pas par la profondeur, il n'est pas sans agréments. Une excellente idée de départ, des acteurs viables (notamment l'excellent Cillian Murphy, qui n'est pas ici sans rappeler Malkovich jouant Javert dans une transposition par moments évidente des Misérables), une musique plus que correcte signée Craig Amstrong, des scènes d'action bien mesurées pour n'être jamais interminables, une fin enthousiaste, rare dans les films de ce genre, le rendent même dans l'ensemble assez prenant, et on ne peut qu'en regretter les défauts de fond. D'autant que Niccol avait les éléments de sa dialectique, puisqu'il ne cesse de faire répéter à ses personnages que l'argent redistribué sera mal employé, et qu'il fait mourir le meilleur ami de Timberlake d'un abus de sa fortune. Mais ces leçons, théorique et pratique, ne sont pas écoutées par nos protagonistes, et tout semble finir pour le mieux. Si au moins on avait eu droit à cette justification, certes plate chacun a droit à sa chance ». Cette leçon philosophique et humaniste sur la liberté est malheureusement remplacée par une critique insipide des riches de ce monde, qui trouvent normal de voir les autres mourir pour assurer leur confort, et des polices qui trouvent leur raison d'être dans la défense non de la justice mais de l'ordre, donc des riches. Cette base communiste ne pouvait donner lieu qu'à des personnages stéréotypés, dont toutes les possibilités de développement sont immanquablement brisées : pourquoi nous avoir tant parlé du père de Timberlake si cette généalogie n'a finalement aucune incidence sur l'intrigue ? Pourquoi imaginer que Murphy vient lui aussi du ghetto, si c'est pour le faire mourir cinq secondes ensuite ? Le spectateur a envie de s'intéresser à ces personnages, parfois même de les aimer, ce qui n'est pas déjà une mince réussite, mais fait regretter l'indifférence avec laquelle ils sont finalement traités. En effet, le film tend vers quelque chose, et on a envie de le suivre, mais il ne démarre jamais vraiment, et l'on se retrouve, en espérant une anticipation proposant une véritable réflexion socio-philosophique, devant un film d'action correct, exposant platement une vulgate communiste. (critique de 2011)

XipeTotec
6
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le 26 août 2017

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