C'est en Juillet 2021 qu'on retrouve le festival de Cannes, ses diverses sections parallèles et surtout sa sélection officielle. S'y retrouve au milieu quelques œuvres plus "genré" pour reprendre la terminologie en usage, dont Titane passe médiatiquement pour le leader de cette poignée là. Décrit comme féministe, transhumaniste et j'en passe, qu'allais-je pensé de ce métrage ?
Ceux qui auront jeté l'œil sur les story Instagram de SensCritique le savent déjà, le CM du site et le vidéaste à l'origine de la dite story semblaient être heurtés par l'avis provocateur d'un pur inconnu qui ne sait pas se taire au point de l'afficher. Qu'en est-il réellement ?


Remontons quelques jours avant la remise des prix. Toujours en quête de savoir, je me plonge en salles découvrir ce métrage à la BA mystérieuse qui s'est retrouvé dans la compétition officielle cannoise de cette année. Rappelons qu'à ce moment, je n'ai aucun a priori sur le cinéma de Julia Durconeau n'ayant sauté le pas Grave (le cannibalisme n'étant pas la chose avec laquelle j'ai le plus de facilité à regarder dirons nous simplement). Je savais simplement, dû aux très nombreux retours qui sont évidement tombés avant que j'ai eu le temps de découvrir le métrage, qu'il y aurait une grosse coupure scénaristique au bout d'environ une 30aine de minutes et qui serait lié au personne de Vincent Lindon. Petite inquiétude, mais rien de gênant en soit.


Evacuons les évidences rapidement. Le film est très bien filmé, Ducournau en tire de très beaux plans, tout visuel présenté est limpide. La musique est vraiment impeccable sans être marquante pour autant. Les acteurs sont très clairement investis, en ressorts de très bonnes prestations.
Seulement, tout cela n'est que coquille, et sans un squelette narratif travaillé et intéressant tout ce travail en devient anecdotique, sans conséquences.


Le cœur du problème avec ce film est bel et bien là. Parce que n'allez pas croire que j'ai sorti le terme très provocateur de "daube" dans mon fameux statut sans raisons. Pour simplifier tout cela, prenons simplement l'ordre chronologique de ce film bien étrange. Hormis l'intro qui nous narre l'obtention de cette curiosité métallique au niveau de l'oreille de notre protagoniste, sans nous en donner les véritables raisons, le reste se tient pas trop mal. On nous présente une femme au caractère agressif, qu'on assimile facilement avec les tensions qu'elle subit (en témoigne son agression à la sortie de son travail très sexualisé). Mais après ça, cela se gâte fortement, et comme non seulement je suis obligé de spoiler et qu'en plus la BA du film en est mensongère, la balise est de rigueur ici.


Le film essaye de nous mettre en empathie avec notre protagoniste, alors qu'elle commet devant nous un véritable massacre sans raison où elle semble y prendre beaucoup de plaisir. Plaisir qui ne sera plus jamais abordé dans la suite du métrage, ce qui est déjà assez ridicule à mes yeux tant cela créer une rupture de la continuité scénaristique du métrage. Mais passons à l'absurde le plus total : la fuite de notre protagoniste et sa rencontre farfelue avec le personnage de Lindon.
Ce dernier est toujours en deuil de son fils, et notre protagoniste s'est défiguré pour s'échapper par ce biais là. S'en suit une relation malsaine sans queue ni tête. Le film nous assène de visuels et de scènes faussement subversives mais qui m'auront bien plus sorti du film qu'autre chose.
Je ne compte plus le nombre de fois où je n'ai pas compris pourquoi Alexia ne se barre pas. Ah j'oubliais, comme elle a couché avec une bagnole, elle est enceinte de celle-ci. Soit, pourquoi pas après tout, mais la grossesse n'a narrativement aucune importance elle-même.


La fin est très révélateur du problème du métrage. On ne prend jamais la peine de fermer quelconque arc narratif (qu'on laisse ouvert des arcs, qu'on laisse planer du mystère je suis pas contre, mais là il n'y a tout simplement rien), et on nous conclue le métrage de la pire des manières. Parce que pire manière il y a de conclure un métrage que par une scène qui rend quasi inutile le reste du récit ? De conclure par une scène qui serait bien plus adéquate pour le début d'un tout autre métrage ? Ducournau se fatigue à nous imaginer de toute pièce un bébé hybride, très beau design je trouve à titre personnel, mais qui ne sert absolument à rien vu qu'a peine dévoilé on nous coupe le métrage. Le design est cool, mais ne sert à rien. On me dira surement que Vincent a retrouver un nouvel enfant, pour combler son deuil, mais j'ai bien plus l'impression que cela fait office de lot de consolation à une fin à côté de la plaque.


J'aimerai simplement rappeler avant de terminer avec ce film, que je ne suis pas anti film de genre, loin de moi d'ailleurs. (Un métrage non lié à Titane qui débute par une idée très similaire à la fin de celui-ci, je suis personnellement très intéressé). Le film n'est d'ailleurs en outre aucunement choquant à mes yeux, il m'en faut beaucoup plus pour cela. Mais jamais chez moi, la nature du métrage et sa nationalisme dictera la qualité que je lui prête. Titane est à mes yeux beaucoup trop défaillant dans ce qu'il raconte, ce qu'il met en scène, pour pouvoir le sauver quelques instants.
Cela dit, ne croyez pas que je ne veux pas de genre français. Justement, je veux bien en découvrir, en voir, mais comme tout type de métrage d'où qu'il vienne, j'ai besoin d'y retrouver ce que je considère comme des qualités, et un récit qui a mes yeux se tiens et en est intéressant à différents égarts.

Créée

le 4 août 2021

Critique lue 335 fois

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Win-Green

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